Le peuple suisse a dit «oui» à 50,6% à l'augmentation de l'âge de la retraite à 65 ans pour les femmes. Cette opération permettra à l'Assurance-vieillesse et survivants (AVS) d'économiser 1,4 milliard de francs par an, et vise à répondre en partie à l'immense challenge posé par l'évolution démographique.
Mais si les rentes AVS et la prévoyance professionnelle (LPP) ne suffisent plus, le troisième pilier pourrait être une solution vers laquelle se tourner, notamment pour les plus jeunes. Mais sont-ils emballés par la thématique et conscients du défi qui les attend? Petit coup de fil à un expert.
«Les jeunes n'investissent pas assez dans le troisième pilier», souligne d'emblée Lukas Kienast, de AXA Suisse.
Autre point noté par l'assureur, les jeunes ne sont souvent pas assez proactifs. Ils attendent de fonder une famille pour penser à la sécurité de leurs vieux jours ou à l'achat d'un bien immobilier. Et, sur ce dossier, pas de Röstigraben; les jeunes romands ne sont pas plus prévoyants que leurs potes d'outre-Sarine.
Alors, le troisième pilier, dispositif mal aimé par nos cadets? On a posé la question aux premiers concernés.
Pensez-vous déjà à la retraite?
Non
Qu'avez-vous pensé du résultat sur le vote concernant le relèvement de l'âge de la retraite pour les femmes?
Je n'ai pas voté dimanche. Je voulais aller voter, mais j'étais malade. Ce n'est pas top que la TVA monte pour renflouer les caisses. Mais c'est une question assez complexe. Honnêtement, je ne me suis pas assez renseigné pour vous donner une bonne réponse.
Jusqu'à quel âge vous pensez travailler?
Toute ma vie. Après 65 ans, je me vois bien faire quelque chose à côté. Si j'ai pas assez d'argent à la retraite, je me vois bien continuer à travailler.
Donc si votre retraite est trop maigre, vous continuerez à bosser...
Oui, c'est ce que je me dis maintenant. Après... à voir. J'ai vraiment pas pensé à la question.
Vous avez 28 ans. Avez-vous déjà investi dans un troisième pilier?
Non
Est-ce que vous y pensez?
Non
Mais savez-vous ce qu'est le troisième pilier?
Oui, mais honnêtement, je ne vois pas la vie comme ça.
Comment vous la voyez, la vie?
Je vis assez sur le moment. Et je me dis que si la retraite arrive - si elle arrive... il y a tellement de changements qui peuvent se passer entre-temps. C'est trop loin pour se projeter.
Qu'avez-vous pensé des résultats quant à la réforme de l'AVS?
J'ai voté non. Donc je suis un peu déçu.
Vous pensez déjà à la retraite?
Pas encore, je suis assez jeune.
Jusqu'à quel âge pensez-vous bosser?
65 ans. Pas plus. Après, c'est bon...
Vous pensez investir un jour dans un troisième pilier?
Peut-être. Je ne me suis jamais posé la question.
Vous savez de quoi il s'agit?
Pas exactement
Etes-vous contente du résultat des votations relatif à la réforme de l'AVS?
Non, je ne suis pas contente. J'aurais voulu que ça ne passe pas. Le vrai problème pour moi, c'est qu'il y a une énorme différence salariale entre hommes et femmes. Et si on s'était plutôt attaqué à ce problème-là, les rentes des femmes auraient augmenté. Même de beaucoup plus que cette mesure. L'argument de l'égalité était un faux argument pour moi.
Jusqu'à quel âge vous pensez travailler?
C'est dur à dire... ça dépend à quel point j'ai dû m'épuiser à la tâche. Moi j'ai de la chance, je suis étudiante en Relations internationales, à l'uni de Genève. Du coup, je ne vais certainement pas faire un métier physique. J'aurai plutôt de bons salaires. Et je pourrai sûrement arrêter plus tôt. Je fais aussi serveuse à côté de mes études, à hauteur de 20%. Si je devais faire ce job toute ma vie, je ne pourrais pas penser ainsi.
Avez-vous constitué un troisième pilier?
Non
Vous avez envie d'y investir? Vers quel âge?
Beaucoup plus tard dans ma vie. Je pense qu'il y a très peu de gens qui ont l'opportunité d'investir dans un troisième pilier. Déjà le deuxième pilier, tout le monde ne peut pas y accéder, et les femmes encore moins. Du coup, ce serait dans un moment plus avancé dans ma vie, où j'ai des économies plus importantes.
Pour vous, c'est quoi un troisième pilier?
Ce pilier, ça concerne vraiment les personnes dans les classes élevées, qui ont la capacité de mettre davantage d'argent pour leur retraite. C'est plutôt un argent de confort, pour que leur retraite se passe de manière confortable.
(jod)