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Radar antibruit à Genève: les résultats du test national

On sait quels véhicules seront les plus flashés par ce nouveau radar en Suisse

Motards et automobilistes, attention! L'étude sur un projet pilote national montre le nombre de véhicules et lesquels le nouveau radar antibruit flasherait sur les routes suisses.
15.07.2024, 10:02
Julian Spörri / ch media
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Les voitures et motos qui accélèrent et pétardent sont insupportables pour les riverains, surtout pendant les mois d'été, comme le confirment les corps de police. Ces derniers se déplacent régulièrement en cas de signalement et font des contrôles à des endroits stratégiques afin d'attraper, par exemple, les véhicules tunés illégalement.

Mais cela demande beaucoup d'efforts pour un impact négligeable, car c'est très compliqué de choper les chauffards après-coup.

«Tracer les auteurs est complexe et demande beaucoup de ressources»
La police de Zurich

Une solution semble désormais à portée de main: le radar à bruit. L'appareil mesure le volume sonore des usagers de la route et déclenche une photo lorsqu'un véhicule dépasse certains seuils de décibels. Grâce à la plaque d'immatriculation, la police pourrait ensuite amender le fauteur de bruit. Avec un accent sur le conditionnel...

En effet, il n'existe pas encore de bases légales en Suisse pour permettre aux polices d'agir en ce sens. Suite à une intervention parlementaire, la Confédération a toutefois mené, l'été dernier, un projet pilote à Genève. L'objectif était de tester l'utilité des radars de bruit dans la vie quotidienne, à l'aide du modèle «Hydre» français.

La bête 👇

Voici à quoi ressemble le radar sonore Hydre utilisé en France.
Image: Bruitparif.fr

Jusqu'à 200 véhicules contrôlés chaque jour

On a désormais les résultats du projet-pilote. Conclusion: le système est techniquement au point. Il permet «d'identifier avec précision les passages excessivement bruyants et inutilement bruyants, et donc non conformes aux prescriptions», indique le rapport commandé par l'Office fédéral de l'environnement (Ofev).

Ce constat s'applique aux situations en milieu urbain où la vitesse maximale est comprise entre 30 et 60 kilomètres par heure. Les tests ont été effectués sur quatre tronçons routiers.

Radar sonore «Hydre» conçu par Bruitparif.
Image: Bruitparif

Les véhicules très bruyants représentaient, selon l'endroit, entre 0,2% et 1,5% du trafic total. Si l'on prend comme référence une valeur limite de bruit de 80 décibels, entre 100 et 200 véhicules se faisaient prendre au piège des radars chaque jour sur un axe très fréquenté de Genève.

Comment se répartissaient-ils?

  1. Une nette majorité des véhicules trop bruyants étaient des motos (à 70%).
  2. Les voitures représentent 17% du bruit.
  3. Pour les camions et bus c'est 13%.

Le nombre élevé de motos saute aux yeux: un motard sur dix passant à proximité a été flashé lors du test à Genève. Paieront-ils l'addition en cas d'introduction des radars antibruit?

Sophie Hoehn, cheffe de la section Bruit routier de l'Ofev, relativise: «La plupart des motocyclistes se comportent correctement en évitant les pics de bruit inutiles ou en ne modifiant pas illégalement leur véhicule pour le rendre plus bruyant». La spécialiste précise encore:

«L'étude a montré que neuf motocyclistes sur dix ont une conduite respectueuse. C'est donc le comportement du conducteur qui est déterminant, et non la typologie du véhicule»

En exagérant un peu, on peut aussi conduire une Harley-Davidson en silence, alors que même une petite Vespa peut faire beaucoup de bruit.

Le radar anti-bruit n'est pas parfait

Le rapport sur le projet pilote montre, toutefois, aussi les inconvénients du radar antibruit. Ainsi, l'appareil est dépassé lorsque deux véhicules passent en même temps avec un volume sonore pratiquement identique. Dans ce cas, il ne signale pas d'infraction.

Une critique souvent formulée à l'encontre des radars antibruit concerne les anciens modèles de voitures qui ont été homologués pour des valeurs limites de bruit plus élevées et qui pourraient donc être flashés alors même qu'elles sont conduites sans faire rugir le moteur. De tels cas ne sont pas à exclure, peut-on lire dans le rapport.

Mais la police s'en apercevra lors d'un contrôle ultérieur des enregistrements photo et vidéo, dit-elle. Ce contrôle ultérieur est également nécessaire pour éviter qu'un automobiliste qui klaxonne ou une ambulance ne soit verbalisé.

Pourquoi n'y a-t-il pas des radars antibruit partout?

Malgré un bilan positif, en Suisse, ce type de radars se heurtent encore à deux obstacles majeurs:

  1. L'appareil doit encore être homologué par l'Institut fédéral de métrologie.
  2. Le Parlement fédéral doit créer les bases légales pour son utilisation.

C'est précisément ce que demande la conseillère nationale Gabriela Suter (PS/AG) dans une motion déposée en juin. Il serait aussi nécessaire de fixer un seuil de décibels et des possibilités de sanctions au niveau de la loi.

L'étude du projet pilote genevois recommande le seuil de 82 décibels, ce qui, selon les résultats des tests, rendrait environ un véhicule sur 200 trop bruyant en zone urbaine. Pour donner un peu de contexte: à partir de 85 décibels, le bruit peut être dangereux pour la santé, et le seuil de douleur est atteint à partir de 120 décibels. Quelle valeur doit être appliquée lors une éventuelle utilisation de radars antibruit? C'est désormais aux politiques de trancher.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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