Médicaments: ce que vous devez savoir pour ne pas casquer en 2024
Aujourd'hui, plus le prix d'un médicament délivré sur ordonnance est élevé, plus les pharmacies, les hôpitaux et les médecins gagnent de l'argent. Le Conseil fédéral a souhaité corriger cette fâcheuse incitation critiquée depuis longtemps. La solution: rendre fixes les marges sur les médicaments soumis à ordonnance.
La réforme n'entrera cependant en vigueur qu'au milieu de l'an prochain. Contrairement à celle sur la promotion des génériques, qui s'applique, elle, dès janvier. Ce décalage peut coûter cher aux patients, que ce soit pour un spray nasal à la cortisone, un sirop contre la toux à la codéine ou un antibiotique contre les infections urinaires par exemple.
Qu'est-ce qui change avec la réforme des génériques?
En règle générale, une personne qui achète un médicament remboursé par l'assurance maladie doit en assumer elle-même le 10%. Pour les médicaments pour lesquels il existe un générique moins cher avec le même principe actif, la participation aux coûts est plus élevée: la personne qui choisit aujourd'hui l'original, plus cher, doit mettre 20% de sa poche. En 2024, cette «quote-part plus importante» sera encore relevée, pour atteindre 40%.
Des exceptions restent certes possibles. Mais les patients doivent alors pouvoir prouver «avec des faits concrets» qu'ils ont besoin de la préparation originale pour des raisons médicales.
Les mêmes règles s'appliquent aux biosimilaires, c'est-à-dire aux produits d'imitation de médicaments biologiques.
Pourquoi cette réforme est-elle nécessaire?
Selon les données de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), les génériques coûtent environ deux fois plus cher en Suisse et sont nettement moins utilisés qu'à l'étranger. Au Royaume-Uni, par exemple, la part de marché des génériques atteint 85% du volume des ventes. Elle se monte à 83% en Allemagne et 78% aux Pays-Bas. En Suisse, en revanche, les ventes de génériques ne représentent que 22%, comme le montrent les dernières statistiques de l'OCDE.
Avec sa réforme, le Conseil fédéral veut gonfler ce chiffre. Tout en faisant passer à la caisse ceux qui continueront à recourir aux originaux plus onéreux. Selon les prévisions de la Confédération, le potentiel d'économies est de 250 millions de francs.
Pourquoi les génériques ont-ils tant de mal à s'imposer en Suisse?
Le problème est qu'aujourd'hui, la marge de distribution des médicaments est liée au prix. Les pharmacies, les hôpitaux et les médecins ne sont donc pas incités, du moins financièrement, à prescrire des médicaments meilleur marché.
Après la révision de la loi, il n'existera plus qu'un forfait de 9 francs par emballage pour les médicaments dont le prix d'usine est inférieur ou égal à 7,99 francs. Pour les produits plus chers, comptez 16 francs en plus. En résumé, les médicaments chers deviennent sacrément moins chers, tandis que les médicaments bon marché seront un peu plus chers.
Le compromis sur les marges initialement négocié par l'association des hôpitaux H+, l'organisation des pharmaciens Pharmasuisse, l'association des caisses Curafutura et la société des médecins FMH permet à court terme d'économiser 60 millions de francs par an.
Dit autrement, les pharmacies, les cabinets médicaux et les hôpitaux renoncent à ces 60 millions. A la longue, Curafutura parle même de «plusieurs centaines de millions de francs» en raison du transfert des préparations originales vers davantage de génériques, y compris les biosimilaires.
Mais attention, ce compromis sur les marges n'entrera en vigueur qu'à partir de juillet 2024. D'ici là, les incitations à vendre des médicaments plus chers demeurent.
Qui surveille les coûts pour les patients?
Officiellement, la responsabilité incombe aux médecins. Ils doivent signaler aux personnes concernées «qu'il existe des alternatives moins chères», comme l'ajoute Thomas Christen, directeur adjoint de l'OFSP. Mais en fin de compte, la tâche revient aux patients eux-mêmes. Ils doivent veiller à ce qu'on les informe.
Difficile cependant pour ces patients d'obtenir une vue d'ensemble de l'offre à leur disposition. La plupart d'entre eux ne verront apparaître le supplément indésirable que sur la facture des médicaments. Les critiques parlent d'une punition des patients, ce qui fâche le ministre de la Santé, Alain Berset. Lors de la présentation de la réforme des génériques, il a déclaré:
Et d'argumenter que la nouvelle ordonnance incite à opter pour des médicaments moins coûteux.
Pourquoi les génériques sont-ils moins chers que les médicaments originaux?
Que ce soit au niveau de la substance active, de la forme médicamenteuse ou du dosage, les génériques et les préparations originales sont parfaitement similaires. Avantage: comme ils n'engendrent aucun frais de recherche et développement, les génériques et les biosimilaires sont moins chers.
La différence de prix se fixe lors de l'inscription du générique sur la liste des spécialités (LS), remboursées par l'assurance de base obligatoire. Selon le volume du marché des médicaments «originaux», un écart entre 20 et 70% est déterminé.
Les génériques devraient devenir encore un peu plus avantageux. Premièrement parce que l'écart de prix pour le groupe dont le volume de marché est compris entre 4 et 8 millions de francs change. Il passe de 30% aujourd'hui à 40%. Autrement dit, à leur inscription sur la liste, les génériques devront coûter au minimum 40% moins cher que les médicaments originaux.
Par ailleurs, l'écart de prix à respecter à l'avenir augmentera de 5% à chaque réexamen des médicaments de la LS, effectué tous les trois ans. En effet, les prix des originaux baissent inévitablement après l'expiration du brevet. L'objectif est donc de maintenir l'écart de prix entre les deux produits.
Traduit de l'allemand par Valentine Zenker