Le bruit n'est pas seulement énervant, il rend également malade. Et pas seulement les personnes qui se sentent dérangées. Il est prouvé qu'un niveau de bruit constant entraîne une pression artérielle plus élevée et donc davantage de maladies cardio-vasculaires.
En outre, le sommeil profond devient plus superficiel, raison pour laquelle on se repose moins bien. Les enfants exposés au bruit pendant la journée ou la nuit ont des résultats scolaires plus faibles. L'obésité et le diabète sont également plus fréquents dans la population exposée au bruit.
Des mesures sont désormais exigées pour réduire le bruit dans les villes, la nuit. Des réductions de vitesse et des pneus moins bruyants sont envisagés, mais aussi la prolongation des heures dites «de tapage nocturne» (appelés plus poliment «de repos» en Suisse alémanique).
Près de 3,8 milliards de francs ont été dépensés ces dernières années dans toute la Suisse pour des mesures de protection contre le bruit.
Toutefois, plus de 1,3 million de personnes sont aujourd'hui encore exposées à des niveaux sonores supérieurs à la valeur limite légale à leur domicile. La grande majorité d'entre elles, plus de 1,2 million de personnes, souffrent du bruit émis par le trafic sur les routes.
Beaucoup plus de personnes seraient touchées si les valeurs limites étaient renforcées, comme le demande la Commission fédérale pour la lutte contre le bruit (CFLB) dans son nouveau rapport:
Les enquêtes menées par la commission ont révélé qu'environ la moitié de la population se réveille à sept heures. La CFLB milite en conséquence pour prolonger les heures considérées «de repos», de 22h à 6h lorsque le tapage nocturne est interdit, jusqu'à 7h le matin.
Quant au début des «heures de repos», il faut maintenir 22h, car c'est souvent l'heure à laquelle les enfants vont se coucher:
Pour le bruit routier, la commission veut maintenir la valeur limite à 60 décibels le jour, mais l'abaisser, pour la nuit, de trois à huit décibels.
En outre, les zones d'habitation et les zones mixtes devraient être soumises aux mêmes normes que les zones d'habitation, où celles-ci sont plus basses. Selon la CFLB, les valeurs limites pour le bruit des chemins de fer et des avions devraient également être abaissées.
Toutefois, on ne sait pas encore si et comment ces recommandations seraient appliquées. Selon Michael Strickler, expert en bruit, les conséquences seraient énormes. Il estime que deux fois plus de bâtiments seraient concernés par cette réglementation.
Pour éviter les interdictions de construire, la Ligue contre le bruit demande depuis longtemps que le bruit soit davantage combattu à la source, plutôt que d'offrir aux propriétaires une contribution pour l'achat de fenêtres antibruit:
Le deuxième moyen envisagé est la réduction de la vitesse et la présence de zones 30. Car 20 km/h en moins permet de réduire les nuisances de deux à trois décibels, en fonction du revêtement de la route, ce qui correspond à peu près à une diminution de moitié de la perception du bruit du trafic.
Les revêtements silencieux sont controversés, notamment en raison de leur coût plus élevé. En Suisse romande, leur utilisation commence à être répandue. En Suisse alémanique, le canton d'Argovie est précurseur. Mais à Zurich par exemple, les tronçons à basse vitesse ne suffisent pas. La réduction du bruit ne se fera que grâce à un revêtement poreux.
Comme les pores se remplissent peu à peu des poussière présentes sur la route, l'effet bénéfique de ce revêtement diminue avec le temps. En cas de pluie, les revêtements silencieux ne sont d'ailleurs pas très utiles, car l'eau pénètre dans les pores.
De plus, ils vieillissent plus rapidement que les revêtements standard et doivent alors être éliminés dans des décharges, alors que les revêtements traditionnels peuvent être recyclés jusqu'à 40%.
Un autre moyen efficace serait de rendre les pneus plus silencieux. Malheureusement, cette possibilité est encore peu connue et la Confédération hésite à légiférer en la matière, déplore Gabriela Suter. La politicienne envisage une intervention parlementaire à ce sujet. Pour elle, on pourrait imaginer un accord sectoriel qui encourage la vente de pneus silencieux, mais aussi une interdiction des pneus particulièrement bruyants.
Avec des voitures de plus en plus lourdes et des roues de plus en plus larges, le problème s'est en effet aggravé au cours des dernières années. Entre-temps, la présence de voitures électriques ne promet guère d'amélioration. En effet, à partir d'une vitesse de 20 à 25 kilomètres par heure, le bruit des roues sur le sol est plus bruyant que celui du moteur.
Gabriela Suter espère une amélioration lors du débat qui aura probablement lieu cet automne au Conseil national et au Conseil des Etats. Il y a un an, la commission de l'environnement du Conseil national a transmis une motion demandant l'interdiction de circuler sur certains tronçons pour les véhicules trop bruyants ainsi que l'utilisation de radars antibruit. En outre, il doit être possible de mieux lutter contre les véhicules modifiés illégalement.
L'Office fédéral de l'environnement examine actuellement les conséquences de l'application des recommandations de la CFLB. En fonction des résultats, il proposera au Conseil fédéral une adaptation de l'ordonnance sur la protection contre le bruit.