Un problème de taille menace les EMS suisses
La Suisse vieillit. On s'attend à ce que le nombre de personnes âgées de 65 et plus augmente de 34% d'ici 2040 - alors que la population dans son ensemble ne devrait croître que d'environ 10%. En 2055, les seniors représenteront plus d'un quart des effectifs totaux, contre un peu moins de 20% aujourd'hui. C'est ce qui ressort des dernières prévisions de la Confédération, publiées en avril dernier.
Cette situation impactera frontalement notre système sanitaire, qui sera appelé à gérer un nombre toujours croissant de patients. Au cours des 15 prochaines années, quelque 140 000 personnes supplémentaires âgées de 65 ans et plus auront besoin de soins, prédit une étude de l'Observatoire suisse de la santé (Obsan), publiée jeudi dernier.
La tâche s'annonce titanesque. «Des capacités supplémentaires importantes seront nécessaires» pour faire face à ce «défi majeur», indique l'Obsan. Cela se répercutera tout d'abord sur les établissements médico-sociaux (EMS), dans lesquels les places disponibles sont d'ores et déjà en train de «stagner».
Le nombre de résidents en EMS devrait passer de quelque 85 000 en 2023 à près de 130 000 en 2040, ce qui correspond à une croissance de 50%. Pour y répondre, près de 37 000 nouveaux lits seront nécessaires, soit une hausse de 40%. En d'autres termes:
Les soins à domicile seront également soumis à une grande pression, d'autant plus que le recours à ce service «continue d'augmenter» depuis une quinzaine d'années. Les patients âgés soignés à la maison devraient ainsi passer de 235 000 à plus de 330 000 en 2040 - une hausse de 40% qui se traduira par 7,6 millions d'heures de soins supplémentaires.
Seule une importante augmentation du personnel soignant permettra de répondre à ces besoins. Selon l'Obsan, il faudrait créer 7397 nouveaux équivalents plein temps au cours des 15 prochaines années pour y parvenir. La question de «comment relever le défi du manque de personnel soignant» reste ouverte.
Plus de lits en 2030
Les conclusions de l'étude sont alarmantes: si rien n'est fait, «l’offre actuelle en lits de long séjour deviendrait insuffisante au niveau national d’ici 2030», avance l'Obsan.
La seule alternative consisterait à renforcer la «prise en charge hors EMS», ce qui revient à soigner davantage de personnes à domicile ou dans des appartements protégés. Pourtant, la faisabilité de ce scénario est tout sauf certaine, admet l'Obsan: les soins à domicile reposent largement sur la présence des proches, tandis que les appartements protégés présentent des loyers élevés. Finalement, cette solution risque d'aggraver le problème de la «pénurie» de personnel soignant.
De plus, dans certaines régions, le transfert entre les EMS et les autres formes de prise en charge a déjà eu lieu. C'est notamment le cas des cantons de Vaud, Genève, Neuchâtel et du Jura, où «le potentiel de prise en charge hors EMS est pratiquement épuisé». Par conséquent, de nouveaux lits y seront nécessaires même avant 2030.
Les cantons où ce transfert reste encore possible, situés surtout en Suisse orientale, ne s'en sortent pas beaucoup mieux. Même en changeant la politique sanitaire en faveur des soins ambulatoires, les lits disponibles vont s'épuiser en 2035. Et l'Obsan de conclure: