Le système de santé suisse génère trop d'émissions carbone, selon Nicolas Senn, médecin-chef du département de médecine de famille d'Unisanté à Lausanne. «L'impact environnemental des services de santé tue autant que les erreurs médicales», dit-il dans la presse.
Le système de santé consomme donc l'ensemble du budget carbone que le pays pourrait se permettre s'il veut respecter l'Accord de Paris sur le climat. Les émissions totales actuelles de la Suisse - par habitant et par an - sont de 12 à 15 tonnes.
Une telle consommation de CO2 en devient dangereuse pour la santé de la population.
Avec 75 à 80% d'émissions, les hôpitaux sont les plus gros émetteurs de CO2, explique-t-il. Viennent ensuite les médicaments, qui représentent près d'un tiers des émissions. Un traitement contre le diabète comprenant l'administration d'une ou de deux pilules par jour pendant une année représente par exemple 10 à 12 kg de CO2.
Mais ce sont les IRM qui sont les plus énergivores. Ils pèsent 25 kg de CO2 à l'unité. «Si vous faites deux IRM par année et que vous prenez cinq médicaments, c'est la seule dépense énergétique que vous pourriez vous permettre pour votre santé pour respecter l'Accord de Paris», illustre Senn, qui juge que trop d'IRM sont effectués en Suisse.
Ce constat alarmant doit permettre de fixer des objectifs à la hauteur des enjeux, selon Nicolas Senn. Sans quoi seules des micro-mesures, comme supprimer les gobelets en plastique, risquent d'être prises.
Le médecin estime que les émissions du système de santé pourraient déjà être réduites de 60 à 70%, grâce notamment à l'amélioration de l'efficience énergétique des bâtiments. Il faudrait aussi utiliser des sources d'électricité renouvelables et réduire la mobilité motorisée du personnel et des patients qui vont à l'hôpital. (sda/ats)