Depuis quelques années, une nouvelle substance est venue s'ajouter à la longue liste des produits illicites commercialisés sur internet: le soi-disant miel «aphrodisiaque» ou «érectile». Vendu dans des boîtes contenant plusieurs «sticks» de 15, 20 ou 30 grammes, ce produit est censé augmenter la libido, traiter les problèmes d'érection et améliorer les performances sexuelles.
L'une des variantes les plus répandues s'appelle «Black Horse» et est produite en Malaisie. Des versions nommées «Royal Honey», «King Kong Honey» ou «Miel du Soudan» circulent également. Indépendamment du nom, ce miel est présenté comme étant «100% naturel». Le «Black Horse» serait, selon le producteur, «riche en gelée royale et en pollen d’abeille».
La réalité est bien différente: ces produits renferment bien souvent des substances non déclarées contre l’impuissance, telles que le sildénafil, le principe actif du Viagra. En 2021, les autorités françaises avaient alerté contre la dangerosité de ces miels, interdits dans la foulée.
Malgré l'interdiction, les miels aphrodisiaques n'ont pas disparu de la circulation. Au contraire, ils seraient en train «d'inonder» la France, indique ce dimanche le Figaro. Selon le quotidien français, ces produits «font l’objet d’un commerce illégal qui prend des proportions jusqu’ici jamais atteintes» et seraient en passe de «devenir une véritable menace pour la santé publique».
De son côté, TF1 indique que les saisies de colis en contenant, provenant notamment de Thaïlande, de Malaisie ou de Turquie, ont doublé en 2024. La plus spectaculaire a eu lieu à Marseille: 13,9 tonnes de miel aphrodisiaque ont été confisquées le 18 novembre dernier. Les douanes allemandes ont également fait état d'une augmentation des cas.
La Suisse n'échappe pas à ce phénomène. «La problématique ne nous est pas inconnue et une mise en garde a été lancée par Swissmedic», nous indique l’Office fédéral de la douane et de la sécurité des frontières (OFDF).
Deux nouvelles préparations différentes à base de miel, qui renfermaient des substances non déclarées contre l’impuissance, ont été saisies en 2020. D'autres cas ont ensuite été découverts, notamment l’année passée. Des enquêtes sont en cours auprès de Swissmedic, complète l'OFDF.
Contacté, Swissmedic confirme que ces produits sont interdits en Suisse. Pourtant, s'en procurer semble extrêmement facile. Il suffit de taper «miel aphrodisiaque» ou «Black Horse» sur Google pour tomber sur des sites qui proposent de telles substances.
L'un d'entre eux promet une «livraison discrète», dans des emballages «neutres» et «sans aucune marque ni étiquette apparente». Le «Black Horse» est commercialisé à partir de 4,9 euros le stick (environ 4,6 francs). Une boîte en contenant 24 coûte 79,9 euros (75 francs). Il existe également des variantes plus chères.
Comment expliquer que des substances interdites soient si faciles d'accès? L'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) nous explique qu'en Suisse, le commerce et la vente sont soumis à des réglementations très strictes, également sur internet. Pourtant, ces règles ne s'appliquent pas aux sites étrangers, qui ne sont pas tenus de respecter la loi helvétique. C'est la même chose pour les compléments alimentaires, complète l'OSAV, qui fait état d'un «problème européen».
Du miel aphrodisiaque est également vendu sur Amazon, ainsi que sur des sites suisses, tels qu'Anibis.
Swissmedic rappelle que les stimulants de l’érection provenant de sources illégales peuvent être dangereux pour la santé. Il n’est pas rare, en effet, que ces produits soient surdosés. En 2023, un homme en ayant consommé a dû être hospitalisé.