Les médicaments font partie du quotidien de la moitié de la population suisse. Pilules, comprimés effervescents, sirops - ils ont le vent en poupe, comme le montre l'enquête suisse sur la santé publiée lundi par l'Office fédéral de la statistique (OFS). A la question de savoir si elles avaient pris un médicament au cours des sept derniers jours, 55% des personnes interrogées ont répondu par l'affirmative.
Il y a 30 ans, beaucoup moins de personnes déclaraient consommer des médicaments: en 1992, elles n'étaient qu'un peu plus d'un tiers (38,3 %) de la population, jusqu'à ce que la barre des 50% soit franchie pour la première fois en 2017.
Les femmes (59%) ont un peu plus souvent besoin d'un médicament que les hommes (51%). C'est surtout dans les années les plus jeunes et donc les plus mûres sexuellement que la différence entre les sexes est importante, ce qui est probablement dû à la pilule comme moyen de contraception. Parallèlement, de moins en moins de femmes utilisent la pilule comme moyen de contraception. Par rapport à 2002, son utilisation a presque diminué de moitié. Les alternatives utilisées sont le stérilet et les préservatifs.
Avec l'âge, on constate ensuite que le rapport entre les sexes s'inverse en ce qui concerne la consommation de médicaments. A partir de 65 ans, les hommes sont plus nombreux que les femmes à piocher dans leur armoire à pharmacie.
Sans surprise, la consommation de médicaments augmente avec l'âge, indépendamment du sexe. Parmi les personnes âgées de 75 ans ou plus, 86% consomment des médicaments.
Il est toutefois frappant de constater que plus le niveau de formation est élevé, moins les Suisses consomment de médicaments. Parmi les personnes qui ont suivi la scolarité obligatoire, 68% ont besoin d'au moins un médicament. Ceux qui ont une formation professionnelle supérieure ou un diplôme universitaire sont, avec 51%, nettement moins dépendants des comprimés et autres.
Un coup d'œil sur les régions linguistiques montre que l'âge, le sexe et le niveau de formation ne sont pas les seuls facteurs à jouer un rôle. Ainsi, les Tessinoises et les Tessinois (61%) prennent nettement plus régulièrement des médicaments que les Romands (56%) ou la population alémanique (54%).
Les Suisses ont le plus souvent recours aux anti-douleurs (26%), suivis des médicaments contre l'hypertension (17%) et l'hypercholestérolémie (10%). La consommation d'anti-douleurs a plus que doublé au cours des 30 dernières années. Aujourd'hui, les femmes sont plus nombreuses (31%) que les hommes (21%) à les consommer. Autre fait surprenant: les différences entre les générations sont minimes en ce qui concerne les analgésiques. Les personnes âgées de 65 à 74 ans sont celles qui en ont le moins besoin.
En revanche, la consommation de psychotropes tels que les antidépresseurs, les tranquillisants ou les somnifères est restée stable depuis 2007. 9% des personnes interrogées ont déclaré y avoir recours. Et ce, même si la qualité du sommeil, par exemple, a continué à se dégrader: 33% des Suisses n'en ont pas assez ou n'ont pas un sommeil réparateur. Il y a 30 ans, 28% déclaraient souffrir de ce type de problèmes. Les femmes sont plus souvent concernées que les hommes. Et les personnes âgées ont également plus de mal à trouver un sommeil réparateur: les troubles du sommeil augmentent avec l'âge.
La vue des Suisses s'est également détériorée. Comparé aux 30 années précédentes, le nombre d'individus ayant besoin de lunettes ou de lentilles de contact est nettement plus élevé. En 1992, 59% des personnes avaient besoin d'une aide visuelle, contre 68% aujourd'hui. L'une des raisons de cette augmentation est la hausse de la myopie (de 32 à 43%). Près d'une personne sur deux voit donc les objets ou les personnes éloignés de manière floue et indistincte sans aide.
La vue diminue également avec l'âge. A partir de 55 ans, plus de 85% des personnes ont besoin de lunettes, la plupart pour lire.
Une grande partie de la population suisse (92%) estime que la qualité de vie est très bonne ou bonne. La plupart des personnes interrogées (85%) qualifient également leur santé de bonne ou très bonne. Cela est surprenant, car dans le même temps, une personne sur quatre a indiqué avoir souffert de troubles physiques importants au cours des quatre semaines précédant l'enquête.
Comment cela est-il possible? L'OFS indique que ces troubles sont en partie dus à des facteurs psychosociaux, comme le stress. Les troubles physiques les plus fréquents sont une faiblesse générale (46%) et des douleurs dorsales ou lombaires (45%).
L'alimentation est étroitement liée à une bonne santé. Qu'en est-il de la population suisse? Une majorité (71%) déclare y prêter attention. Les femmes (76%) se soucient davantage de ce qu'elles mangent que les hommes (66%). Et c'est le groupe des 55-64 ans qui se nourrit le plus consciemment.
Les modes d'alimentation ont également évolué au cours des trente dernières années. Alors qu'en 1992, seul 0,7% des personnes interrogées déclaraient ne jamais consommer de viande ou de poisson, elles sont aujourd'hui 3,6 %. Malgré l'augmentation de l'alimentation végétarienne ou végane, une personne sur deux (51%) mange de la viande au moins quatre fois par semaine ou du poisson au moins trois fois par semaine.
L'enquête sur la santé a également porté sur les stupéfiants. Il en ressort que leur consommation de drogues dures comme l'héroïne, la cocaïne ou l'ecstasy a augmenté. Parmi les jeunes de 15 à 24 ans interrogés, trois pour cent ont déclaré en avoir consommé. Chez les 25-34 ans, ce chiffre était de quatre pour cent. En 2002, la proportion était encore de 1%. C'est surtout la cocaïne qui est plus souvent consommée par ces groupes d'âge.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)