Ce mercredi matin d'automne, une atmosphère paisible règne sur le Randen de Merishausen. Seul le léger bourdonnement d'un drone d’un photographe de presse signale l’attention médiatique internationale sur ce petit coin du nord de la Suisse, où une Américaine de 64 ans a mis fin à ses jours avec la capsule de suicide «Sarco», près d’un chalet forestier.
Un groupe de six randonneurs en provenance de l'Allemagne voisine exprime sa surprise d'être si près du lieu qui fait la Une de la presse internationale. «Nous en avons entendu parler dans le journal», raconte Edwin Kessler, il se montre partagé:
Sa collègue de randonnée, Martina Schreier, originaire de Lottstetten, déplore surtout le fait qu'il s'agisse de personnes venant de l'étranger: «Je trouve cela éthiquement compliqué d'arriver de si loin et de faire peser ce fardeau sur un autre pays et ses citoyens». Que ressent-elle en passant par ce lieu? «Une certaine tristesse», confie-t-elle pensivement. «Parce que cette dame semblait visiblement très affectée.»
Dans un chalet voisin, le propriétaire est de retour sur les lieux pour la première fois depuis l'incident. Il y est allé pour la dernière fois le dimanche soir, raconte-t-il: «Il y avait une voiture près du chalet. Mais c'est normal, il est loué». Lui aussi est partagé entre deux sentiments. Le suicide est une décision individuelle, estime-t-il: «Mais c'est un peu audacieux qu'ils l'aient fait malgré l'interdiction». Il voit d'un œil critique la grande attention portée à Merishausen — un proche de Suisse centrale l'aurait appelé dès que les médias en ont parlé: «
La capsule de suicide a également fait l'objet d'une discussion controversée au sein d'un groupe de Rotkreuz, qui se promène par hasard à proximité du lieu. L'un des randonneurs exprime sa compréhension, mais critique: «Savoir si l'on veut laisser faire est une question de foi. Mais c'est mieux que de se jeter sous un train et d'impliquer des personnes non concernées dans cette affaire». Il n'en reste pas moins que la situation occasionne aussi un grand travail pour les autorités et la collectivité.
En bas, au village, les événements de ces derniers jours font également l'objet de controverses. Martin Haslebacher, client du restaurant «la maison communale», a été fossoyeur pendant plus de 20 ans à Merishausen. Il a donc un rapport relativement sobre à la mort: «Avant, on utilisait le fusil d'assaut. Je trouve que c'est une bonne chose qu'on puisse décider librement de sa mort, tant qu'on a une certaine maturité».
Le fait que la capsule «Sarco» ait été interdite et que l'incident se soit produit sur le sol de Merishausen ne le dérange pas. Sa compagne Sarah, en revanche, pense qu'il faudrait déjà limiter ce qui est permis et ce qui ne l'est pas:
Le tenancier de la «maison communale», Phillipp Kehrli, est tombé des nues lorsqu'il a appris le suicide mardi lors d'une discussion au village. «J'ai bien vu passer la police et l'ambulance lundi, mais je n'ai pas pensé à grand-chose», se souvient-il. Sa première pensée: «Il se passe quelque chose à Merishausen, cela donne matière à discussion pour les deux prochaines semaines». Kehrli est certain que le transport de la capsule a dû se faire de nuit et dans le brouillard: «Cela a dû se faire de nuit pour que personne ne le voie. La capsule ne peut pas non plus être restée là longtemps. Les gardes forestiers et les chasseurs sont souvent là et veillent activement à ce que tout se passe bien».
Son avis sur «Sarco» est mitigé: «C'est déjà extrême que des capsules soient fabriquées spécialement pour cela. Mais au moins, cela se passe de manière propre, sans que les passants ne voient rien». Mais pour lui, il est clair que les responsables doivent en assumer les conséquences:
La commune ressent aussi que l'intérêt national et international se concentre sur Merishausen. Cependant, lors de la réunion du conseil municipal de mercredi soir, cela ne devrait avoir qu'une importance mineure, estime Werner Stauffacher, responsable des routes: «Je ne pense pas que le sujet sera largement débattu. Hormis une éventuelle infraction à l'interdiction de circuler, cela ne relève pas de notre compétence».
Les discussions au sein de la population sont restées limitées: «Le sujet est déjà discuté, mais de manière plutôt subliminale, il n'y a pas de grand bouleversement». Et même en ce qui concerne la présence inattendue des médias, Stauffacher se contente de dire: «On connaît certainement plus Merishausen qu'il y a trois jours. Mais cela aurait tout aussi bien pu être Schleitheim ou Beggingen».
Traduit et adapté par Noëline Flippe