En Suisse, environ 7100 hommes sont atteints chaque année d'un cancer de la prostate, et environ 1400 d'entre eux meurent parce que la tumeur a déjà formé des métastases et ne répond plus aux traitements habituels.
Pour ces patients, un nouvel espoir voit le jour: dans le cadre du projet Prognostics (Personalized theragnostics of metastatic prostate cancer), les équipes de Roger Schibli de l'Institut Paul Scherrer (PSI), Damian Wild de l'Hôpital universitaire de Bâle et Nicola Aceto de l'EPFZ testent un nouveau médicament radioactif qui pourrait être plus prometteur que les radiopharmaceutiques actuels.
Le projet est désormais financé à hauteur de 2 millions de francs, dont 1,7 million provient de la ligne d'encouragement stratégique «Santé personnalisée et technologies apparentées» du domaine des EPF. Selon un communiqué, le lancement du projet est prévu en juillet, l'étude clinique débutera en 2024 et durera jusqu'à fin 2025.
Depuis une dizaine d'années, l'Institut Paul Scherrer mène des recherches sur un nouvel isotope – le terbium-161 – destiné à être utilisé en thérapie. Le groupe de recherche dirigé par Cristina Müller au Centre des sciences radiopharmaceutiques du PSI a montré, lors de tests en laboratoire, que le terbium-161 pouvait traiter efficacement les tumeurs.
Dans le cadre de Prognostics, cette approche prometteuse doit maintenant être testée sur 30 patients de l'Hôpital universitaire de Bâle pour lesquels d'autres thérapies n'ont pas donné les résultats escomptés.
Ce type de médicament est constitué de substances radioactives – appelées radiopharmaceutiques – qui sont injectées dans la circulation sanguine. Ces molécules sont conçues pour se fixer à la surface des cellules tumorales, mais pas aux cellules saines (comme une clé sur une serrure), et finalement attaquer et détruire le patrimoine génétique de cette cellule.
Les scientifiques ont désormais identifié une raison possible qui expliquerait pourquoi les médicaments radiopharmaceutiques utilisés pour traiter le cancer de la prostate n'ont pas d'effet sur un tiers des patients. Les électrons émis lors de la désintégration radioactive déposent trop peu de dose sur les plus petites métastases ou les cellules tumorales individuelles, de sorte que celles-ci survivent.
Dans le programme Prognostics, les partenaires testent un médicament contenant l'isotope terbium-161, qui agit de manière plus ciblée. La cellule tumorale est endommagée, ne peut plus se diviser et finit par mourir, ce qui empêche la formation de métastases. Des essais précliniques sur des souris ont déjà montré que cette approche était prometteuse. Dans le cadre de Prognostics, le nouveau médicament doit désormais être testé à l'Hôpital universitaire de Bâle.
Le projet réunit des chercheurs en physique, chimie, biologie, pharmacie et médecine, qui développent ensemble le concept thérapeutique, de la recherche en laboratoire à l'application sur les patients.
Ce n'est pas la première fois qu'un tel projet interdisciplinaire est mis en œuvre avec succès, comme le souligne Roger Schibli:
Si Prognostics est un succès et que les objectifs espérés sont atteints, d'autres études cliniques plus vastes sont prévues.
Traduit et adapté par Noëline Flippe