Depuis son investiture, Donald Trump s'attèle à détruire à grands coups de décrets les politiques publiques américaines en matière de lutte contre les discriminations. Dans le monde scientifique, ces décisions font craindre des coupes budgétaires massives et autres suppressions de postes.
Les programmes de recherche labellisés DEI («diversité, équité et inclusion») se retrouvent notamment dans le viseur du président américain. Depuis les années 1990, ces derniers sont destinés à promouvoir l’accès aux femmes et aux minorités à la recherche scientifique.
En janvier dernier, des médias américains révélaient l'existence d'une liste de mots-clés «bannis» visant à identifier les programmes jugés problématiques. On y retrouvait par exemple les termes «genre», «trans», «femme» ou encore «Covid».
Et selon la Tribune de Genève, la chasse à la diversité de la nouvelle administration américaine menace désormais un programme de recherche au Cern. Celui-ci se retrouve sur une liste rouge de 3400 projets financés par la National Science Foundation et qualifiés par le sénateur républicain Ted Cruz de «wokes» et faisant de «la propagande néomarxiste».
Mené par des scientifiques américains à Genève, le programme s'appuie sur les essais du LHC, le plus grand accélérateur de particules du Cern, pour mieux comprendre l’Univers. Mais alors qu'il bénéficie d'une aide de 2,2 millions de dollars de la part de la fondation américaine, sa dimension pédagogique le met en danger.
Ces recherches vont en effet servir à l’enseignement secondaire dans des écoles de Chicago, rapporte la Tribune de Genève, et celles-ci accueillent des minorités sous-représentées dans le domaine scientifique.
Si on peine à comprendre où est la «propagande» d'extrême gauche, le projet est affublé dans le registre du mot-clé «race», ce qui pourrait expliquer pourquoi il se retrouve compromis.
Pour l'heure, un juge fédéral américain a suspendu l'arrêt du financement de ces programmes initié par Donald Trump. Mais les chercheurs américains n'en vivent pas moins dans l'inquiétude.
«D’une manière générale, la communauté scientifique se demande quelles implications concrètes pourront avoir les orientations de la nouvelle administration américaine, confie un porte-parole du Cern à la Tribune de Genève. Mais c’est un peu tôt pour le dire.»
Le journal genevois souligne que quelque 2100 scientifiques américains collaborent avec des projets menés au Cern. (jzs)