La Suisse n'est pas un pays de tremblements de terre. Mais lundi, la terre a à nouveau tremblé plus fort que la moyenne dans l'Oberland bernois. D'une magnitude de 4,2 sur l'échelle de Richter, le séisme se place ainsi parmi les 35 plus forts mesurés en Suisse depuis 1975. Son épicentre se trouvait à environ trois kilomètres au sud-ouest de Mürren (BE). La secousse s'est produite à 12h52 à une profondeur de 300 mètres, a indiqué le Service sismologique suisse de l'EPF de Zurich (SED).
Elle a été ressentie dans une grande partie du Plateau suisse. Du Valais à Domat/Ems (GR), à 126 kilomètres de là, en passant par Bâle, Zurich et Winterthour, le SED a reçu des annonces de personnes ayant constaté que quelque chose s'était produit, plus de 400 signalements jusqu'à 15h30. Aucun dégât majeur n'est à déplorer, il y a en revanche eu une chute de pierres dans le Sefinental tout proche. Sans conséquence, selon la police cantonale bernoise.
Les phénomènes qui se produisent régulièrement en Suisse sont principalement de faible ampleur. Cette année, le SED en a déjà enregistré 1115. Ce chiffre peut monter jusqu'à 2500 par an. La population n'en ressent qu'une dizaine ou une vingtaine, d'une magnitude de 2,5 ou plus.
4913 séismes de ce type (magnitude ≥ 2,5) sont répertoriés dans la base de données du SED pour la Suisse ainsi que pour les pays voisins. Ils remontent à l'an 250, lorsque la terre a tremblé à Augusta Raurica, près de Bâle. Les enregistrements ne sont toutefois fiables qu'à partir de 1975 et de l'installation d'un réseau d'environ 200 stations de mesure.
Pour ceux survenus avant cette date, on a estimé la magnitude à partir de récits historiques, d'archives naturelles (sédiments lacustres, stalactites cassées dans des grottes, etc.) et d'une méthode statistique.
En Suisse, la collision des plaques tectoniques européenne et africaine provoque la plupart des secousses. Le Valais constitue la région la plus exposée, suivie de Bâle, des Grisons, de la vallée du Rhin saint-galloise et de la Suisse centrale. Il n'existe pas de région complètement épargnée.
Des événements aussi puissants que celui de lundi à Mürren demeurent plutôt rares dans le pays et chez nos voisins. On dénombre 377 séismes d'une magnitude de 4 ou plus dans la base de données du SED, 33 jusqu'à présent pour le nouveau millénaire.
Le plus fort jamais enregistré en Suisse est celui du 18 octobre 1356 à Bâle. D'une magnitude d'environ 6,6, il avait alors détruit une grande partie de la ville. Il existe différents décomptes des victimes.
Certaines sources historiques mentionnent jusqu'à 2000 personnes. D'autres n'en évoquent cependant qu'une centaine, car de nombreux habitants auraient fui la ville après le séisme de l'après-midi.
Selon le SED, si un tremblement de terre similaire se produisait aujourd'hui à Bâle, il faudrait s'attendre à environ 3000 morts, 21 000 blessés graves et légers ainsi qu'à des dommages aux bâtiments de l'ordre de 45 milliards de francs. Sur le reste du territoire, on estime que 80 000 bâtiments subiraient des dégâts de tous ordres, dont près de 45 000 dans les seuls cantons de Bâle-Ville et Bâle-Campagne.
La probabilité d'un séisme catastrophique d'une magnitude d'environ 6 ou plus est d'environ 1% par an. En moyenne, il faut s'attendre à un tel événement tous les 50 à 150 ans. La dernière fois, c'était en 1946 près de Sierre, en Valais. Cela pourrait donc se reproduire bientôt. Selon le SED, il faut s'y attendre partout et à tout moment en Suisse.
(Traduit et adapté par Valentine Zenker)