Qui veut entrer au Conseil fédéral? Avec l'annonce de la démission de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, cette question est posée avec insistance dans les milieux socialistes. Jusqu'à présent, ce sont surtout les refus qui se sont multipliés avec, par exemple, celui de l'ancienne conseillère aux Etats Pascale Bruderer lundi. Toutefois, d'autres candidats, comme Eva Herzog ou Edith Graf-Litscher, sont encore en lice.
Leur volonté seule ne compte, cependant, pas. Cela s'explique par une particularité de l'élection du gouvernement suisse: celui qui accède au Conseil fédéral ne peut pas choisir le poste qui lui convient, mais devra prendre la place de celui qui s'en va. Pour les politiciens chevronnés disposant d'une grande expertise dans un domaine particulier, cette règle pose un gros problème. En effet, celui ou celle qui veut absolument devenir conseiller fédéral et qui s'est occupé pendant des années de droit pénal pourrait devoir s'accommoder, lors d'une éventuelle élection, du département de l'environnement.
Le département fédéral de la Défense, de la Protection de la population et des Sports (DDPS), actuellement dirigé par la conseillère fédérale du centre Viola Amherd, est considéré comme particulièrement «impopulaire». Avant d'être la première ministre de la Défense de Suisse, elle s'est, surtout, fait un nom comme représentante des cantons de montagne affichant des positions extraordinairement libérales sur le plan social.
Amherd, qui dirige son département de manière motivée, s'est rapidement forgé une réputation de politicienne soutenant l'armée. Les succès remportés lors de l'acquisition d'avions de combat l'ont également aidée. On peut, toutefois, supposer qu'en tant que docteur en droit et intéressée par l'anarchisme et la politique de l'égalité, elle vise d'autres départements qu'elle affectionne peut-être plus.
Fin octobre, alors que seule la démission d'Ueli Maurer avait été annoncée, elle avait démenti toute envie de transfert, comme l'avait noté le Walliser Bote après une table ronde:
Cependant, difficile de dire si ce démenti reste valable après l'annonce de la démission de Sommaruga. Le porte-parole de Viola Amherd n'a pas souhaité faire de commentaire à ce sujet. La Valaisanne pourra, toutefois, justifier un changement de département par un changement de situation. Avant de rejoindre le DDPS, elle s'est engagée dans la politique de mobilité et devrait donc lorgner sur le Département des Transports (Detec). De plus, son secrétaire général, Toni Eder, a déjà occupé ce même poste au sein du même département il y a quelques années.
En termes de succession, c'est le principe de l'ancienneté qui prime. Autrement dit, c'est celui ou celle qui est en fonction depuis le plus longtemps peut choisir en premier. Cette situation devrait inquiéter les candidats du PS.
Si Viola Amherd change de département pour rejoindre celui qu'occupait Sommaruga et que Albert Rösti, favori de l'UDC, succède à Ueli Maurer au département des finances, le successeur devra reprendre le DDPS sans forcément être convaincu par les objectifs qu'il porte. La carrière de Viola Amherd a, cependant, montré que cela ne devrait pas être un obstacle pour remplir les missions d'un tel poste.
C'est la raison pour laquelle la politicienne spécialisée en économie, Jacqueline Badran, devrait prochainement renoncer à une éventuelle candidature. En charge des Finances dans le canton urbain de Bâle-Ville, Eva Herzog, doit également se demander comment elle pourrait rester motivée à remplir un rôle au DDPS pendant quatre ans.
La conseillère nationale thurgovienne Edith Graf-Litscher aurait la tâche plus facile: elle s'est fait un nom comme politicienne engagée dans l'armée tout en étant encartée au parti socialiste. Un profil plutôt rare. Elle pourrait alors devenir la première ministre socialiste de la Défense en Suisse. Graf-Litscher a confirmé à watson vouloir sérieusement envisager une candidature: «Je vais prendre le temps de le faire». En effet, le temps ne presse pas, le délai est fixé au 21 novembre.
La tâche pourrait également être plus simple pour le conseiller aux Etats socialiste Daniel Jositsch. Ce dernier – qui a annoncé être candidat contre l'avis de son parti – connaît bien l'armée de l'intérieur. Il a, en effet, été officier.