Vous avez terminé l'intégralité de la boîte de mouchoirs? Vous ressemblez à une personne qui aurait pleuré pendant 172 heures d'affilée? Oui, c'est bien ce que vous pensez: la douce saison des pollens est arrivée. Sauf qu'à l'ère du coronavirus, les causes d'un éternuement ou d'une quinte de toux ne sont plus aussi évidentes qu'avant.
Que cela soit au niveau du développement de l'allergie, de son traitement ou de ses différences avec les symptômes du Covid, les zones d'ombre sont foison. Ça tombe bien! Aidé du docteur Yannick Muller, médecin au Service d’immunologie et d’allergie au Centre hospitalier universitaire vaudois (Chuv) et de Roxanne Guillod, experte auprès de aha! Centre d’Allergie Suisse, watson s'y est intéressé. Certaines réponses devraient vous étonner.
La date du début de floraison des plantes liée à l’apparition du pollen dans l’air varie d’une année à l’autre, mais aussi selon la température extérieure. Car oui, un temps frais modère généralement les concentrations de pollen dans l'air. Raison pour laquelle, en principe, ce type d'allergie ne se manifeste pas en automne ou en hiver.
Selon pollenundallergie, MétéoSuisse utilise plusieurs modèles de prévision pour déterminer le début de la floraison des pollens les plus allergéniques. Soit en Suisse, et plus particulièrement dans les villes citées ci-dessous, ceux du noisetier, de l’aune, du frêne, du bouleau et des graminées:
Vous l'aurez compris (ou senti), aujourd'hui, on est en plein dedans. Mais attention! La date de prévision du début d’une floraison peut varier jusqu'à quatre jours. De plus, aucune prévision n’est établie pour les stations situées dans les Alpes et le Jura, car les premiers grains de pollen qui y sont mesurés sont toujours transportés de manière imprévisible par le vent depuis la plaine.
Les personnes allergiques au pollen ressentent généralement les symptômes suivants: des crises d’éternuements, une rhinite ou le nez bouché. Les yeux peuvent aussi s'irriter, jusqu'à potentiellement développer une conjonctivite. Pour couronner le tout, Roxanne Guillod, spécialiste de la question, énumère également des démangeaisons au niveau du palais, du nez et des oreilles. Sans oublier la toux. Même si ces manifestations restent la plupart du temps supportables, elles ne sont pas sans danger: un rhume des foins non traité pendant une plus longue période peut conduire à un asthme allergique.
Chaque personne allergique développe ces symptômes selon un ou plusieurs types de pollens auquel son système immunitaire réagit. Ces pollens apparaissent à différentes périodes de l'année. Voici les dates en Suisse:
A cette confusion, le docteur Yannick Muller conseille de tout d'abord savoir à quelle(s) plante(s) l'on est allergique: «Il y a des applications mobiles qui aident à monitorer le moment de l'année où chacune d'elle apparaît. De cette manière, selon les périodes de floraison des pollens, on peut mieux savoir si nos symptômes sont davantage liés à un rhume des foins qu'à autre chose».
Ensuite, il rappelle que la perte du goût ou de l'odorat sont des indications d'une potentielle infection au coronavirus. En revanche, comme le souligne également Roxane Guillod, des symptômes comme les yeux qui grattent ou l'écoulement nasal vont plutôt dans le sens d'une allergie au pollen.
Dans le doute, les deux spécialistes s'accordent sur le fait de ne pas hésiter à se faire tester du Covid, notamment à l'aide d'autotests désormais disponibles dans les pharmacies suisses.
Qu'on soit clair, le remède miracle n’existe pas. Mais pas de panique. Il existe plein d'astuces pour éviter de passer sa journée à éternuer tout son oxygène:
Bien que ces habitudes à prendre minimisent l'exposition au pollen, elles ne demeurent pas moins uniquement des solutions à très court terme. Si les symptômes sont trop intenses et conduisent à de l'asthme, les deux experts préconisent de se faire traiter le plus rapidement possible.
Il existe des traitements qui doivent être pris avant que la saison pollinique débute. D'autres se prennent en même temps que cette dernière. Vous pouvez choisir de traiter les symptômes d'une allergie au pollen avec des décongestionnants, des antihistaminiques, des gouttes pour les yeux ou des médicaments contre l’asthme. La majorité devant être prescrite par un médecin.
Mais en faisant ça, vous ne vous attaquez qu'à la manifestation de la maladie, et non à sa cause principale. Pour cela, il faut opter pour une désensibilisation au pollen.
En termes techniques, on parle d'immunothérapie allergénique. Ce traitement permet d'agir de manière plus durable, au cœur de la maladie.
Mais il faut savoir que la désensibilisation n'est pas destinée à tous le monde. Elle se prête de manière plus urgente aux personnes allergiques souffrant d'asthme, comme le signale le docteur Yannick Muller. Il assure toutefois que si, même en l'absence d'asthme, la qualité de vie est vraisemblablement détériorée par les autres symptômes, il ne faut pas hésiter à réaliser des tests médicaux qui permettent d'intégrer le programme de désensibilisation.
Les personnes qui, d'office, ne peuvent pas bénéficier de ce traitement sont, d'après le médecin, généralement celles présentant des infections en cours, de l'auto-immunité ou étant en période de grossesse: «En effet, il est rare que l'on débute ce type de traitement chez les femmes enceintes. Notamment parce qu'il est long et peut être très fatigant pour ce type de population».
Si vous faites donc partie de l'élite, le parcours du combattant peut débuter. Oui, on a bien dit «parcours du combattant». Car ce traitement à long terme est un véritable engagement qui doit, pour commencer, être entamé en amont de la saison. Idéalement jusqu'à cinq mois avant le début de la floraison des pollens. Une fois réalisé, la personne est certes protégée, mais seulement jusqu'à la saison prochaine.
Pour une réponse complète de son efficacité, il convient donc de réitérer la désensibilisation au pollen durant trois à cinq années consécutives. Dans les grandes lignes, voici en quoi consiste la désensibilisation au pollen:
A noter que l'immunothérapie allergénique peut être plus confuse chez les personnes réagissant à plusieurs allergènes différents. Notamment parce que «la désensibilisation se veut spécifique», tel que l'appuie Roxane Guillod. Dans un tel cas, l'experte auprès de aha! Centre d’Allergie Suisse explique qu'il revient à l'allergologue de créer un traitement à visée multiple. Le docteur Yannick Muller recommande de son côté une réalisation de la désensibilisation en parallèle d'une prise d'antihistaminiques.