L'Agence européenne de la sécurité aérienne (Easa) a rédigé la règle selon laquelle les compagnies aériennes doivent envoyer le tableau de service à leurs pilotes au moins deux semaines avant le début du mois suivant.
«Mais chez Swiss, c'est différent. Nos membres ne reçoivent généralement leur planning d'affectation que six à sept jours avant le début du mois», explique Henning Hoffmann, directeur de l'association des pilotes de Swiss, Aeropers.
Comment en est-on arrivé là? Pour une annonce à plus court terme, il faut obtenir une autorisation spéciale auprès de l'Office fédéral de l'aviation civile (Ofac). Dans la branche, on parle d'un «Altmoc», abréviation de «Alternative Means of Compliance», pour pouvoir déroger à la règle générale. La compagnie aérienne a déposé une demande en ce sens en septembre 2021, comme l'a confirmé le porte-parole de Swiss Michael Stief en réponse aux informations de CH Media. «Les raisons sont d'ordre opérationnel.»
La compagnie aérienne ne donne pas d'autres détails. Pas plus que la raison pour laquelle l'autorisation spéciale n'a été demandée qu'il y a deux ans, alors que la publication du tableau de service était déjà pratiquée de la même manière auparavant.
L'Ofac a approuvé la demande de Swiss, au grand dam d'Aeropers. «Nous voulions savoir sur quelle base l'Office fédéral avait approuvé la demande», déclare Henning Hoffmann. L'Ofac n'a pas souhaité fournir d'explication. En réponse, Aeropers a exigé - en vertu de la loi sur la transparence - de pouvoir consulter ses documents.
Aeropers s'est donc adressée au Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence (PFPDT) et a exigé la publication des échanges écrits entre Swiss et l'Ofac.
S'en est suivi une procédure de conciliation auprès du PFPDT, qui s'est achevée récemment. La balle est maintenant dans le camp de l'Ofac. Ce dernier doit accorder un droit de regard nettement plus important sur les échanges écrits avec la filiale de Lufthansa.
Selon Henning Hoffmann, Swiss sera à nouveau consultée à ce sujet, car elle pourrait opposer son veto à ce niveau de transparence. Il ajoute:
Aeropers attend une réponse de l'Ofac au plus tard dans une semaine. En attendant, silence radio du côté de Swiss: «il s'agit d'une procédure entre Aeropers et l'Ofac», explique le porte-parole de la compagnie aérienne, Michael Stief.
L'association est confiante: «Nous sommes un groupe d'intérêt important sur un sujet comme le plan d'affectation, et nous devrions à l'avenir être consultés par l'Ofac. Après tout, les pilotes doivent appliquer le plan au quotidien. Il en va de même pour de nombreux autres thèmes», ajoute Henning Hoffmann.
Ce que le directeur d'Aeropers ne dit pas, mais que les pilotes entendent régulièrement en coulisses, c'est le reproche selon lequel l'Ofac et Swiss sont étroitement liés. «Nous ne bénéficions pas de la même écoute, ce que l'Ofac dément bien sûr toujours», déclare un pilote de Swiss qui souhaite garder l'anonymat.
Toujours est-il que l'«Altmoc» sera bientôt obsolète. En effet, dans le cadre des négociations pour une convention collective de travail, en vigueur depuis le début de l'année, Aeropers a obtenu de Swiss des concessions sur le plan de service. Celui-ci sera probablement annoncé pour la première fois le 18 novembre, à peine deux semaines avant le début du nouveau mois, tant pour l'équipage de cockpit que pour l'équipage de cabine.
Mais pour Henning Hoffmann, il est clair que «ce n'est pas pour cela que nous abandonnons la lutte, car il s'agit aussi de la gestion future de tels sujets, sur lesquels nous demandons à avoir davantage voix au chapitre.»