Temu, la plateforme d’achat en ligne chinoise en pleine expansion, poursuit la réorganisation de sa gouvernance. Son unique administrateur suisse, Florian Müller, a quitté le conseil d’administration de Whaleco Switzerland AG, la filiale bâloise de l’entreprise. Il conserve, toutefois, un rôle de secrétaire et reste inscrit au registre du commerce, avec une signature individuelle.
Désormais, le seul membre du conseil d'administration est Qin Sun, un citoyen chinois résidant à Boston et cadre de la direction mondiale de Temu. Ce départ marque un pas de plus vers un recentrage international, réduisant encore la présence décisionnelle de la Suisse au sein de l’entreprise.
Ce changement suscite des interrogations. Selon Markus Meyer, avocat spécialisé en droit économique, une entreprise opérant en Suisse devrait avoir au moins un administrateur suisse ou résidant en Suisse pour garantir un interlocuteur direct en cas de litige ou de contrôle des autorités. L’absence d’un tel représentant complique l’application du droit suisse en cas d’infraction.
Toutefois, une employée de l’Office du registre du commerce de Bâle nuance cette préoccupation.
Dans ce cas, Florian Müller reste un point de contact légal, bien qu’il ne siège plus au conseil.
Peter Kunz, directeur de l’Institut de droit économique de l’Université de Berne, confirme qu’un droit de signature suffit légalement. Depuis quelques années, la loi suisse n’exige plus qu’un administrateur soit suisse ou domicilié en Suisse. Reste à savoir si cette règle est suffisante pour garantir une réelle accessibilité aux autorités en cas de besoin. Pour l’heure, seule une décision de justice pourrait trancher la question avec certitude.
Traduit de l'allemand par Anne Castella