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Elles publient des vocaux de leurs ex sur TikTok

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Les utilisatrices publient des messages vocaux de leurs ex sur TikTok.Image: Shutterstock

Elles publient des vocaux de leurs ex sur TikTok et c'est un problème

La tendance devient virale sur TikTok: des femmes publient les messages vocaux de leurs ex-compagnons. Ce faisant, elles flirtent toutefois avec les limites de la légalité.
11.08.2024, 12:00
Sabeth Vela
Sabeth Vela
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Le mouvement #MeToo a secoué l'opinion publique sur la question de la violence faite aux femmes. Malgré cela, le phénomène perdure et se répand toujours davantage dans l'intimité des foyers, à notre insu. C'est ce que révèle une nouvelle tendance sur TikTok: des jeunes femmes publient les messages vocaux de leurs ex bourrés de menaces et d'insultes. Mais les hommes ne sont pas les seuls à commettre un délit.

«Si on se voit, ce sera la dernière fois, je te jure devant Dieu que je te colle un neuf millimètres sur la tête, espèce de s***pe». Voici le message d'Emily* sur TikTok. Son ancien petit ami le lui a envoyé après leur rupture. Sous la vidéo, les commentaires choqués d'autres utilisateurs s'accumulent.

Emily est cependant loin d'être la seule à recevoir de tels audios. Si l'on lance la recherche avec les mots clés «audios d'ex», des centaines de séquence de ce type apparaissent.

Menaces de violence et misogynie

Presque toutes les vidéos publiées sont celles de femmes qui révèlent le côté sombre d'un compagnon. En écoutant les enregistrements, on constate clairement qu'aucun d'entre eux n'imaginait que quelqu'un d'autre que la destinatrice puisse y avoir accès - une diffusion publique devant leur paraître plus improbable encore. Ainsi, les vocaux regorgent de misogynie et de menaces de violence. C'est comme si les chiffres de la violence domestique prenaient soudainement corps.

En 2023, on recensait 11 479 victimes de violence domestique en Suisse. Les données montrent clairement que les femmes restent les premières touchées. Elles étaient ainsi 6993 (61%) pour 2750 hommes (24%). Le solde concerne les mineurs.

TikTok n'est toutefois pas le bon endroit pour attirer l'attention sur ce problème. Comme l'explique Kenneth Jones, porte-parole de la police cantonale de Zurich:

«En Suisse, il est en principe interdit de publier des messages vocaux privés sans l'accord de toutes les personnes concernées»
Kenneth Jones

Ainsi, cette diffusion viole le droit à la vie privée et la loi sur la protection des données. Selon Fabian Teichmann, du cabinet d'avocats Teichmann International:

«Cela dépend de si la voix est reconnaissable ou non. Si ce n'est pas le cas, on ne pourrait pas parler d'atteinte à la personnalité en principe à cause de cette circonstance. Il en va de même pour les captures d'écran de l'historique des discussions.»

Or, de nombreux messages vocaux ne sont effectivement pas déformés ou modifiés d'une quelconque façon. On reconnaît facilement les voix des personnes concernées. Celles-ci pourraient donc effectivement porter plainte.

Mais cela ne doit pas empêcher les femmes de signaler les menaces et autres violences. Kenneth Jones conseille toujours de se rendre auprès des autorités le cas échéant. Car, comme explique Fabian Teichmann:

«Une menace n'a pas besoin d'être directe et frontale pour être répréhensible. Un message vocal effrayant suffit pour déposer une plainte pénale»

*Nom modifié

(Adaptation française: Valentine Zenker)

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