Des salariés genevois «constamment filmés» au travail en ont marre
L’entreprise genevoise Taxiphone a reçu la semaine dernière la visite de l’inspection cantonale du travail (OCIRT). Cette démarche fait suite à des signalements de membres du personnel mécontents de leurs conditions de travail. Employés dans le centre d’appel mettant en relation la clientèle avec les chauffeurs de taxis, leurs récriminations portent entre autres sur la présence de caméras de surveillance sur leur lieu de travail.
L’une des personnes salariées ayant saisi l’OCIRT affirme:
«La direction justifie les caméras en disant notamment que c’est un moyen d’éviter les vols de matériels, mais nous les ressentons surtout comme un moyen de pression», ajoute une autre, qui a démissionné de Taxiphone entre-temps.
Principale centrale de taxis du canton de Genève avec 30 salariés faisant les trois-huit, Taxiphone déroge-t-elle à la loi en filmant son personnel employé au centre d’appel? Contacté mercredi 20 novembre par watson, son directeur, Cédric Bouchard, répond par la négative.
Cédric Bouchard justifie les caméras pour prévenir l’utilisation de téléphones portables à l’intérieur du local d’appel. «Il ne faudrait pas que des employés de la centrale, parce qu’ils entretiendraient des relations amicales avec certains chauffeurs, les privilégient par rapport à d’autres en leur donnant les trajets les plus rémunérateurs, via des appels passés depuis leur téléphone portable», explique-t-il.
Voici les décisions que peut prendre le canton
L'OCIRT doit rendre à présent une décision. Que dit l'inspection du travail du canton de Genève à ce stade? Sa réponse transmise à watson:
Ce que dit la loi
Mais que contient la loi? Il faut se référer à l’article 26 de l’ordonnance 3 relative à la législation sur le travail. Le premier alinéa penche clairement du côté de l’interdiction:
- «Il est interdit d’utiliser des systèmes de surveillance ou de contrôle destinés à surveiller le comportement des travailleurs à leur poste de travail.»
Le second alinéa introduit de la nuance:
- «Lorsque des systèmes de surveillance ou de contrôle sont nécessaires pour d’autres raisons, ils doivent notamment être conçus et disposés de façon à ne pas porter atteinte à la santé et à la liberté de mouvement des travailleurs.»
Il ressort de cette loi que tout est question de proportionnalité. Sans préjuger de la décision qui sera rendue à propos de «Taxiphone», un spécialiste du droit du travail, s’exprimant sous couvert d’anonymat, envisage divers cas de figure.
Il ajoute:
Le directeur de Taxiphone dit encore à ce sujet:
Les employés de Taxiphone avec qui nous avons parlé font part de mesures perçues par elles comme de pesantes contraintes. Hormis la présence de caméras, elles évoquent ainsi des «notes de service», soit un ensemble de remarques concernant leur comportement et manière de travailler, rangées dans un classeur qui les accompagne. «Ces notes de service permettent aux employés de s’améliorer lorsque cela est nécessaire », fait observer Cédric Bouchard.
La direction de Taxiphone comme les employés mécontents attendent maintenant la ou les décisions que rendra l’inspection du travail.
