A l'Auberge du Soleil, presque chaque objet possède sa propre signification. Des symboles rappellent les victoires des vaches d’Hérens. Vingt couvertures militaires originales symbolisent la sécurité grâce à l'armée. Et le portrait d'Henri Guisan est la figure de la liberté et de l'indépendance.
Liberté, sécurité, indépendance: ce sont des valeurs importantes pour le couple de restaurateurs – la conseillère nationale UDC Esther Friedli et son compagnon, l'ancien président de l'UDC Toni Brunner.
L’Auberge du Soleil est située à 870 mètres d'altitude à Ebnat-Kappel (SG). Elle se nomme aussi la «Maison de la liberté» et est considérée comme un lieu de pèlerinage pour les cercles proches de l’UDC.
Ces valeurs sont aussi au cœur du programme 2024-2027 de l’UDC Suisse. Esther Friedli, 44 ans, en est responsable. Elle est la première femme à occuper ce poste important, après l'ancien conseiller aux Etats Christoffel Brändli (GR), l'ancien conseiller national Christoph Mörgeli (ZH) et l'actuel secrétaire général de l'UDC Peter Keller (NW).
«C’est un honneur pour moi, bien sûr, mais cela implique aussi des responsabilités», déclare Esther Friedli. La politologue de 44 ans est conseillère nationale depuis 2019. Elle est également titulaire du brevet d’hôtellerie. Elle dit ne pas aimer être au centre de l'attention. Elle se voit plutôt comme une coordinatrice, une coach. «Je suis une joueuse d'équipe, j'aime travailler avec les autres.»
Mais Esther Friedli veut déjà mettre l'accent sur certains points. Ainsi, la thématique du genre aura désormais sa place dans le programme du parti. «Elle fait partie de la politique de paternalisme moralisateur de la gauche et est inacceptable.» Le genre prend des formes qui ne sont plus «normales», déclare-t-elle. «Et en tant que femme, je pense qu’il faut rectifier le tir.»
Esther Friedli ne supporte pas les invitations avec des astérisques et l’écriture inclusive en général. «Je les jette, je ne me sens pas concernée». «Le truc des astérisques» ne rend pas service aux femmes en matière d’égalité des droits.
L'astérisque, les deux points, le soulignement: toutes ces formes d’écriture inclusive sont modernes. Pour la conseillère nationale de l’UDC, il s'agit d'un «artifice imposé». Au sein du parti, l'égalité n'est pas superflue, mais vécue. «Les nombreuses femmes qui s'engagent activement en première ligne le prouvent».
Pour Esther Friedli, une chose est claire: «Nous devons lutter contre les dérives du débat sur le genre.» L'UDC s'oppose par exemple à la disparition des toilettes séparées par sexe. Et elle s'insurge contre le fait que le changement de sexe ait été simplifié à ce point.
Depuis le 1er janvier 2022, les femmes, les hommes et les personnes transgenres peuvent changer rapidement et facilement de sexe et de prénom dans le registre d'état civil. «Cela ouvre la porte à des abus», explique Esther Friedli. «Un homme de 18 ans change de nom pour devenir une femme afin d'échapper au service militaire obligatoire. Et un homme de 63 ans devient une femme pour toucher plus tôt sa rente AVS».
Les thèmes centraux du programme du parti restent toutefois les sujets éprouvés du parti: l'Europe, la migration et la sécurité. L'UDC souhaite un échange économique fort avec les entreprises et les pays de l'Union Européenne (UE), explique Esther Friedli. «Mais nous ne sommes pas membres de l'UE et ne voulons pas non plus nous soumettre à la Cour de justice européenne ou à d'autres institutions». L'indépendance de la Suisse est un grand avantage et un pilier de son succès.
En matière de politique étrangère et d'asile, l'UDC veut aborder les conséquences de la crise des réfugiés de 2015. Les communes les ressentent désormais, car la Confédération ne prend plus en charge les coûts de l'aide sociale, explique Esther Friedli. «Celui qui ne veut pas s'intégrer ou qui commet des délits doit être immédiatement privé de son droit de séjour en Suisse», estime-t-elle.
En parlant de sécurité, Esther Friedli mentionne aussi l'armée. Mais elle insiste surtout sur la sécurité de l'approvisionnement en électricité et en énergie. Celle-ci n'est plus garantie, dit-elle, «parce qu'en 2011, les quatre conseillères fédérales ont rêvé que la Suisse pouvait s'approvisionner en électricité solaire». C'est «un énorme scandale politique» que le Conseil fédéral ait «mis en péril la sécurité de l'approvisionnement en électricité avec autant de légèreté».
Esther Friedli et son compagnon Toni Brunner ont eux-mêmes installé des panneaux solaires sur le toit de leur restaurant. «Pas pour des raisons idéologiques, mais pour des raisons économiques», souligne la politologue de 44 ans. L'Auberge du Soleil bénéficie d'une bonne exposition au soleil. Toutefois, les panneaux ne fournissent pas un approvisionnement fiable. Quand il neige, il n'y a pas d'électricité. Elle se demande alors: «Devons-nous dire aux clients qu’il n’y a pas de chauffage et que de la cuisine sera froide?»
Toni Brunner, 47 ans, est certes retraité de la politique. Mais après avoir passé 23 ans au Conseil national et huit ans à la présidence de l'UDC Suisse, il reste un modèle du parti. Il se réjouit que sa compagne ait été choisie pour diriger le programme. «C'est la première femme à faire cela – et en plus elle est douée, dit-il. Avec sa malice, il ajoute: «Vous savez comment je le sais? Elle ne m'aurait pas choisi si elle n'avait pas les idées claires.»
Esther Friedli prend cela avec humour. «C'est Toni en direct», dit-elle en riant. Elle souligne qu’il n'a pas été impliqué dans son choix. Mais pour l'article, elle n'hésite pas à se faire photographier avec son compagnon. «Ma relation avec Toni n'a certainement pas nui à ma carrière politique», dit-elle.
Cela peut également être prouvé dans les faits. Esther Friedli, ancienne membre du PDC, a rejoint l'UDC après plusieurs années passées aux côtés de Toni Brunner. Et maintenant, elle est responsable du programme du parti.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz