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L'hébergement des demandeurs d'asile se fait rare

KRAKOW, POLAND - APRIL 01: People fleeing from Ukraine due to ongoing Russian attacks, take a free bus to the Swiss city Sorula offering humanitarian aid, in Krakow, Poland on April 01, 2022. (Photo b ...
Des réfugiés ukrainiens en route pour la Suisse, avril 2022.Image: Anadolu

Les réfugiés ukrainiens face à «un fort potentiel de conflit» en Suisse

Les Ukrainiens vivent séparément des requérants issus de la procédure d'asile normale. Mais les places se font rares et l'hébergement séparé ne pourra bientôt plus être garanti. Cette situation est source de conflits potentiels.
12.03.2023, 11:5614.03.2023, 17:52
Chiara Stäheli / ch media
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La situation tendue en matière d'asile fait la Une des journaux ces jours-ci. Il est question de locataires expulsés de leur logement, de communes à bout de souffle, de manque de personnel d'encadrement ou encore de... vers dans les plats. Pendant ce temps, la Confédération, les cantons et les communes sont confrontés à d'autres problèmes, comme le montre l'exemple de l'hébergement.

Le canton de Berne, par exemple, poursuit l'objectif de loger les personnes issues de la procédure d'asile régulière et les personnes bénéficiant du statut de protection S dans des hébergements séparés «dans la mesure du possible».

Selon Gundekar Giebel, de la Direction des affaires sociales du canton de Berne, la réflexion qui se cache derrière cette décision est la suivante:

«D'une part, nous voulons que les personnes ne soient pas obligées de changer inutilement de logement pendant leur procédure d'asile. D'autre part, nous avons fait l'expérience qu'il peut être difficile de loger au même endroit des personnes ayant des droits différents et des histoires de fuite différentes.»

Mais si la situation continue à s'aggraver, nous serons heureux d'avoir encore des places pour les personnes à protéger et les demandeurs d'asile.

Pourquoi vivre séparés?

Concrètement, cela signifie que pour éviter d'éventuelles frictions entre les groupes de réfugiés, ils vivent — dans la mesure du possible — dans des logements séparés. Si les Ukrainiens bénéficiant du statut de protection S peuvent travailler, recevoir une aide sociale et voyager presque sans restriction dans l'espace Schengen, ces libertés sont refusées à la plupart des demandeurs d'asile. Ceux qui ont un statut F n'ont pas le droit de voyager à l'étranger ou de choisir librement leur lieu de résidence pendant la durée de la procédure d'asile.

Les demandeurs d'asile avec un permis F ont le droit de travailler
Contrairement à ce qu'indiquait à tort la première version de notre article, les demandeurs d'asile avec un permis F ont le droit de travailler. Le site de la Confédération l'indique ici. L'association Vivre Ensemble met également à disposition une brochure sur le sujet.

A cela s'ajoute le fait que si les personnes ayant le statut S sont le plus souvent des femmes avec des enfants, les personnes issues de la procédure d'asile ordinaire sont en majorité de jeunes hommes. Un hébergement commun peut «conduire à des situations de difficiles», explique Gaby Szöllösy, secrétaire général de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS).

Asylsuchende im Asylheim
Qui vit avec qui?photo: Keystone

L'hébergement commun recèle un «grand risque de conflits»

Certes, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) «ne fait pas de recommandations aux cantons sur la manière dont ils doivent héberger les requérants d'asile et les personnes en quête de protection», comme il l'a indiqué sur demande. Mais les utilisations, dites mixtes, sont normalement rares comme le montre une enquête menée auprès de plusieurs cantons.

Dans celui de Lucerne, par exemple, les personnes issues de la procédure d'asile ordinaire et celles bénéficiant du statut de protection S vivent «dans des structures d'hébergement séparées», comme l'indique le service de l'asile et des réfugiés. En effet:

«Le traitement différencié des personnes au sein d'une même structure présente un fort potentiel de conflit»

En raison de la situation tendue en matière d'asile, «une modification de ce traitement ne peut, toutefois, pas être exclue à l'avenir», poursuit le communiqué.

Dans le canton d'Argovie aussi, les personnes issues de la procédure d'asile régulière vivent «en règle générale» séparément des Ukrainiens, comme le communique le département de la santé et des affaires sociales. Cela n'est toutefois «pas garanti en permanence, et dans tous les cas».

Un problème surtout dans les cantons avec beaucoup d'hébergements communs

Interrogé à ce sujet, de la CDAS, Gaby Szöllösy confirme que l'hébergement séparé des groupes de réfugiés est devenu plus difficile dans certains cantons:

«Surtout dans les cantons où, en raison de la situation tendue, de nombreuses personnes en quête de protection sont hébergées dans des logements collectifs, l'hébergement séparé ne peut plus toujours être garanti.»

Mais les cantons ne s'inquiètent pas seulement de savoir comment héberger les demandeurs d'asile, mais aussi où trouver le personnel d'encadrement. Selon la secrétaire générale de la CDAS, Gaby Szöllösy: «C'est un vrai problème qui s'aggrave semaine après semaine pour de nombreux cantons. Il y a un manque de main-d'œuvre pour prendre en charge toutes les personnes qui arrivent».

Témoignage d'une famille de réfugiés
Video: watson
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