La situation tendue en matière d'asile fait la Une des journaux ces jours-ci. Il est question de locataires expulsés de leur logement, de communes à bout de souffle, de manque de personnel d'encadrement ou encore de... vers dans les plats. Pendant ce temps, la Confédération, les cantons et les communes sont confrontés à d'autres problèmes, comme le montre l'exemple de l'hébergement.
Le canton de Berne, par exemple, poursuit l'objectif de loger les personnes issues de la procédure d'asile régulière et les personnes bénéficiant du statut de protection S dans des hébergements séparés «dans la mesure du possible».
Selon Gundekar Giebel, de la Direction des affaires sociales du canton de Berne, la réflexion qui se cache derrière cette décision est la suivante:
Mais si la situation continue à s'aggraver, nous serons heureux d'avoir encore des places pour les personnes à protéger et les demandeurs d'asile.
Concrètement, cela signifie que pour éviter d'éventuelles frictions entre les groupes de réfugiés, ils vivent — dans la mesure du possible — dans des logements séparés. Si les Ukrainiens bénéficiant du statut de protection S peuvent travailler, recevoir une aide sociale et voyager presque sans restriction dans l'espace Schengen, ces libertés sont refusées à la plupart des demandeurs d'asile. Ceux qui ont un statut F n'ont pas le droit de voyager à l'étranger ou de choisir librement leur lieu de résidence pendant la durée de la procédure d'asile.
A cela s'ajoute le fait que si les personnes ayant le statut S sont le plus souvent des femmes avec des enfants, les personnes issues de la procédure d'asile ordinaire sont en majorité de jeunes hommes. Un hébergement commun peut «conduire à des situations de difficiles», explique Gaby Szöllösy, secrétaire général de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales (CDAS).
Certes, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) «ne fait pas de recommandations aux cantons sur la manière dont ils doivent héberger les requérants d'asile et les personnes en quête de protection», comme il l'a indiqué sur demande. Mais les utilisations, dites mixtes, sont normalement rares comme le montre une enquête menée auprès de plusieurs cantons.
Dans celui de Lucerne, par exemple, les personnes issues de la procédure d'asile ordinaire et celles bénéficiant du statut de protection S vivent «dans des structures d'hébergement séparées», comme l'indique le service de l'asile et des réfugiés. En effet:
En raison de la situation tendue en matière d'asile, «une modification de ce traitement ne peut, toutefois, pas être exclue à l'avenir», poursuit le communiqué.
Dans le canton d'Argovie aussi, les personnes issues de la procédure d'asile régulière vivent «en règle générale» séparément des Ukrainiens, comme le communique le département de la santé et des affaires sociales. Cela n'est toutefois «pas garanti en permanence, et dans tous les cas».
Interrogé à ce sujet, de la CDAS, Gaby Szöllösy confirme que l'hébergement séparé des groupes de réfugiés est devenu plus difficile dans certains cantons:
Mais les cantons ne s'inquiètent pas seulement de savoir comment héberger les demandeurs d'asile, mais aussi où trouver le personnel d'encadrement. Selon la secrétaire générale de la CDAS, Gaby Szöllösy: «C'est un vrai problème qui s'aggrave semaine après semaine pour de nombreux cantons. Il y a un manque de main-d'œuvre pour prendre en charge toutes les personnes qui arrivent».