Le discours de Vladimir Poutine du 24 février 2022 a été publié dans son intégralité dans le quotidien La Liberté. Ces mots, prononcés par le chef du Kremlin, racontent que l'envoi de militaires russes en Ukraine sert à libérer la population du Donbass: «Il fallait mettre fin sans délai à ce cauchemar – un génocide à l'égard des millions de personnes qui vivent là-bas et qui ne fondent leurs espoirs que sur la Russie».
Vladimir Poutine souligne aussi que «les pays de l'Otan soutiennent en Ukraine des ultranationalistes et des néonazis». Voici le texte publié par La Liberté.
Particularité de ce discours, il ne figurait pas dans un article, mais dans une page publicitaire. L'homme qui l'a payée est l'avocat fribourgeois Jean-Pierre Egger, connu notamment pour s'être recyclé dans la culture et la commercialisation du chanvre. L'avocat a motivé l'achat de cet espace par le principe latin du «Audiatur et altera pars», soit le droit dont bénéficie l'autre partie d'être entendue lors d'un procès. Comprenez, Vladimir Poutine doit aussi être entendu par le grand public et cela nous permettra de faire notre propre opinion. Interviewé dans 24 heures, Jean-Pierre Egger ajoute: «C’est comme la stéréo, il faut deux haut-parleurs pour forger son point de vue».
Mais ce discours justifiant l'opération militaire en Ukraine est-il audible pour autant? Vu les réactions sur les réseaux sociaux, la question n'a pas fini de faire débat.
Le rédacteur en chef de La Liberté, François Mauron, est personnellement pris à partie. «Si un dictateur entre en guerre avec un pays souverain, la liberté d’expression a quand même des limites, non?», commente un journaliste dans un groupe Facebook dédié aux médias romands. François Mauron, qui avait anticipé les réactions, a expliqué son choix dans un éditorial.
Il ajoute que ce texte n'est ni négationniste ni raciste et que le refus de sa publication aurait constitué une violation de la liberté d'expression. Le rédacteur en chef souligne aussi que la décision de publier ce texte ne signifie en aucun cas un soutien au chef du Kremlin.
Pas sûr que ce choix soit compris et partagé par le grand public ni par ses confrères.