Aux premières heures du conflit en Ukraine, et pendant les semaines qui ont suivi, les Suisses romands se sont fortement mobilisés. Plusieurs associations et personnes privées ont lancé des appels aux dons, vêtements, aliments, médicaments, des biens récoltés qu'ils ont ensuite acheminés sur place.
Comité Ukraine est l'une de ces associations, fondée en février 2022. Elle a notamment envoyé du matériel médical pour une valeur totale de plus de 40 000 francs ou encore six palettes de vêtements d’hiver. Mais après l'engouement du début, l'élan a fini par s'essouffler à mesure que le conflit s'enlisait.
Qu'en est-il aujourd'hui? Les Suisses répondent-ils encore à l'appel? Hanna Perekhoda, l'une des fondatrices, apporte un éclairage sur la situation.
«Nous savons qu'aujourd'hui, les Suisses se sont habitués à la guerre», explique-t-elle. «L'affect n'est pas aussi grand et c'est tout à fait normal, même si cela crée chez nous une frustration». Ainsi, plus le temps passe, plus la communication doit être forte. «Nous devons insister», ajoute-t-elle. «Cet automne-hiver, par exemple, il a fallut faire jouer nos contacts personnels pour encourager la mobilisation». Quant aux bénévoles engagés, ils sont beaucoup moins nombreux qu'auparavant: une quinzaine contre une cinquantaine à l'époque.
Comité Ukraine continue tout de même son travail. Fin janvier, une collecte de vêtements a été organisée à l'université de Lausanne et les bénévoles étaient satisfaits du résultat. Hanna Perekhoda rappelle toutefois que l'envoi de tels biens n'est pas toujours la stratégie plus efficace, car elle ne répond pas aux besoins précis de la population:
En effet, au début du conflit, il s'agissait surtout d'envoyer du matériel hémostatique. «Les Ukrainiens n'étaient pas prêts à avoir autant de victimes parmi les civiles et les militaires», raconte-t-elle. «Durant les premiers mois, beaucoup mourraient parce que l'aide n'arrivait pas assez vite et que les saignements n'étaient pas arrêtés à temps».
Quant à l'argent, avec dix francs par exemple, les Ukrainiens peuvent acheter beaucoup plus de choses qu'en Suisse pour le même prix, et surtout choisir exactement ce qu'il leur faut. «C'est pour cela que nous travaillons principalement avec de petites organisations sur place – certaines existaient déjà avant 2022 – qui connaissent la réalité du terrain», précise la bénévole. Des femmes retraitées ou des jeunes souvent, qui aident dans les villes affectées par les bombardements, proches de la ligne de front, «là où de grosses ONG ne s'aventurent pas», selon elle.
Actuellement, son association récolte des fonds pour l'achat de génératrice ou de chauffages (après la destruction par la Russie de nombreuses infrastructures énergétiques) ou encore d'une camionnette pour un groupe de femmes à Kryvyi Rih, à l'est du pays.
Désormais, la stratégie de Comité Ukraine consiste à présenter à la population suisse le vécu de ces gens. Premièrement, pour qu'elle se rende compte de leurs besoins: «Il s'agit de citoyens normaux qui se sont fait envahir», poursuit Hanna Perekhoda.
Ensuite, parce que lorsque l'aide se fait de personne à personne, le lien créé est beaucoup plus fort et que cette forme solidarité est «l'anti-thèse de la charité», conclut-elle, car elle ne présuppose pas une relation de pouvoir, de victimisation.
Finalement: