L'épouse de Volodymyr Zelensky a sans doute été la première à aborder le sujet. En janvier 2023, Olena Zelenska s'est rendue au World Economic Forum (WEF) à Davos. Elle y a rencontré le président de la Confédération de l'époque, Alain Berset, et lui a remis le plan en dix points pour une paix équitable en Ukraine, appelé «formule de paix», élaboré par le gouvernement ukrainien fin 2022. Et c'est lors de son entretien avec Alain Berset qu'elle aurait évoqué pour la première fois la possibilité d'un sommet de la paix en Suisse.
Des sources indépendantes de l'entourage du Conseil fédéral s'accordent à dire que lors des contacts entre les deux présidents, Volodymyr Zelensky aurait évoqué l'idée d'un sommet à plusieurs reprises. La réaction d'Alain Berset n'est pas connue. Il ne s'agissait manifestement pas d'un «oui» clair. Selon une personne impliquée, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) aurait également déconseillé à l'époque de promettre quelque chose trop rapidement.
Les informations selon lesquelles le président ukrainien aurait également entrepris des démarches auprès d'autres pays européens pour demander un sommet sur l'Ukraine – également sans succès – vont dans ce sens. Mais au cours de l'année 2023, il a finalement obtenu que la Suisse s'engage dans le processus de la formule de paix. Après que les conseillers à la sécurité nationale de quelque 70 pays aient tenu deux réunions au Danemark et en Arabie saoudite, la Suisse a participé pour la première fois au troisième événement de ce type en octobre 2023 à Malte.
Et c'est elle qui a organisé la quatrième réunion des conseillers en sécurité. Elle a eu lieu le dimanche avant le WEF 2024, le 14 janvier – un jour avant que Volodymyr Zelensky ne se rende personnellement en Suisse pour rendre une visite officielle au Conseil fédéral à Berne. Le président ukrainien savait déjà que son souhait serait cette fois-ci exaucé. Le vendredi précédent, il avait déjà évoqué l'option d'un sommet de paix avec la présidente de la Confédération, Viola Amherd.
Quelques jours plus tard, cette dernière a déclaré dans une interview:
Officiellement, ce pas a été franchi lors d'un entretien auquel ont également participé, du côté de la Suisse, les conseillers fédéraux Beat Jans et Ignazio Cassis.
Comment se fait-il qu'Alain Berset ait hésité en 2023, mais que la présidente de la Confédération Viola Amherd ait accepté d'organiser un sommet après seulement deux semaines de fonction? Interrogée, la Chancellerie fédérale écrit:
Cela aurait conduit à la quatrième réunion des conseillers à la sécurité à Davos. Volodymyr Zelensky aurait ensuite déposé la «demande formelle» à la Suisse d'accueillir une conférence de haut niveau lors de sa visite à Berne. Cela laisse plusieurs choses en suspens, mais n'exclut pas des demandes informelles auprès d'Alain Berset.
Ce que l'on peut dire sans aucun doute, c'est que même après l'engagement de Viola Amherd, c'est l'Ukraine qui a été la force motrice pour la conférence – et qui voulait imposer un tempo rapide. Tout d'abord, Kiev souhaitait que le sommet coïncide le plus possible avec les élections en Russie, où Vladimir Poutine a été confirmé dans ses fonctions à la mi-mars.
Pendant ce temps, la Suisse a tenté de marquer l'événement de son empreinte: Berne a ralenti le rythme et s'est écartée du plan en dix points. Le sommet n'aura désormais lieu qu'à la mi-juin et son contenu portera sur des questions telles que la sécurité alimentaire et les risques nucléaires.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci