De la reprise des sanctions de l'UE au débat sur la neutralité et la réexportation d'armes en passant par l'accueil de dizaines de milliers de réfugiés, la guerre a eu son lot de répercussions en Suisse.
Le jour même de l'invasion russe, le 24 février 2022, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) condamne «dans les termes les plus forts» l'invasion, appelle Moscou à cesser immédiatement son «agression militaire» et à retirer ses troupes du territoire ukrainien:
Le jour même de l'invasion russe, des manifestations ont eu lieu à Berne, St-Gall et Zurich pour la dénoncer:
Le Conseil fédéral décide à plusieurs reprises de reprendre les sanctions de l'UE contre la Russie, le Bélarus et l'Iran. Ces mesures comprennent entre autres un embargo sur le pétrole brut, l'interdiction d'acheter de l'or en provenance de Russie ou un plafonnement des prix des produits pétroliers russes. Berne suspend en outre l'aide administrative à la Russie. Elle sanctionne également les fabricants de drones iraniens qui livrent la Russie.
Quatre jours après l'invasion, la Suisse reprend le premier train de sanctions européennes à l'encontre de la Russie:
Mi-mars, à peine trois semaines après l'invasion russe de l'Ukraine, l'ancien conseiller fédéral Christoph Blocher annonce le lancement d'une initiative populaire sur la neutralité de la Suisse. Les sanctions économiques comme celles contre la Russie ne doivent plus être possibles. De son côté, le président du PLR Thierry Burkart demande début avril une réorientation de la politique de sécurité suisse et un rapprochement avec l'OTAN.
La définition de la neutralité suisse est de plus en plus remise en question. Fin juin, le président de la Confédération Ignazio Cassis estime que la neutralité signifie collaborer avec des pays qui sont en accord avec les principes helvétiques. Début septembre, le Conseil fédéral affirme que la Suisse doit s'en tenir à la neutralité, tout en orientant plus systématiquement sa politique de sécurité et de défense vers la coopération internationale.
Lors du Forum économique de Davos (WEF) en janvier, la neutralité suisse a fait l'objet de critiques, notamment de la part de la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, du maire de Kiev Vitali Klitschko et du secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg.
Fin janvier 2023, la commission de politique de sécurité du Conseil national a adopté des textes demandant que la réexportation de matériel de guerre produit en Suisse soit autorisée dans certains cas, notamment pour l'envoi de munitions vers l'Ukraine. A la mi-février, la Confédération rejette toutefois une demande de l'Espagne de livrer deux canons antiaériens de 35 mm. Comme elle l'avait déjà fait pour des demandes de l'Allemagne et du Danemark, elle motive son refus par la loi sur le matériel de guerre.
Début mars 2022, une semaine après l'invasion russe de l'Ukraine, le Conseil fédéral décide de prendre des mesures afin de garantir l'approvisionnement en gaz pour l'hiver à venir. En avril, les prix de l'électricité, du gaz et du charbon atteignent des sommets.
Fin août, le gouvernement lance la campagne d'économies «L'énergie est limitée. Ne la gaspillons pas». Elle table sur des mesures connues, mais souvent oubliées comme réduire la température du chauffage, consommer moins d'eau chaude, éteindre les appareils électriques et les lumières ou cuisiner de manière responsable. Les recommandations semblent porter leurs fruits. En automne, une consommation inférieure de gaz par rapport à l'année précédente est constatée, un résultat aussi influencé par la météo clémente.
Pour assurer l'approvisionnement énergétique, le Conseil fédéral a également approuvé la mise sur pied d'une réserve hydroélectrique ainsi que de plusieurs centrales de réserve, dont une à Birr (AG) et une à Cornaux (NE). Un an à peine après l'invasion russe en Ukraine, le spectre d'une pénurie d'énergie s'éloigne: début février de cette année, le prix du gaz sur le marché de gros était à nouveau moins élevé qu'avant le début de la guerre.
Environ deux semaines après le début de la guerre, le Conseil fédéral accorde un statut spécial aux réfugiés ukrainiens, le statut de protection S. La mesure est soutenue par tous les partis gouvernementaux (UDC, PS, PLR et Centre), même si l'UDC aurait aimé des restrictions.
Le nombre de réfugiés ukrainiens enregistrés en Suisse s'élevait à plus de 50 000 à la mi-mai et dépassait les 70 000 à la fin de l'année. A la mi-février 2023, ils étaient environ 75 000. En novembre dernier, le Conseil fédéral a prolongé le statut S pour un an. (ats/jch)