Suisse
Université

Propagande: les communistes font le forcing à l'Uni de Genève

Uni Mail, Genève.
Uni Mail, Genève.Image: KEYSTONE

L'Uni de Genève impuissante face au forcing des communistes révolutionnaires

Repoussés de l'Université de Genève la semaine dernière, les membres du Parti communiste révolutionnaire y reviennent ces mardi et mercredi pour y tenir deux réunions organisées sous leur bannière. Le rectorat semble pris de court.
27.02.2024, 05:5427.02.2024, 11:40
Plus de «Suisse»

Mis à la porte, le Parti communiste révolutionnaire (PCR) revient par la fenêtre. Formation politique en gestation, actuellement en pleine campagne de recrutement, le PCR avait été prié, la semaine dernière, par l’Université de Genève (Unige), de plier bagage. La raison? Il avait installé un stand dans le hall d’Uni Mail, avec cette inscription:

«Nous fondons le Parti communiste révolutionnaire: rejoins-nous»
PCR

«L’Université n’est pas un lieu de prosélytisme, qu’il soit politique ou religieux», avait réagi l’Unige, par la voix de son porte-parole, Marco Cattaneo, alors joint par watson. A cela s’ajoutait qu’aucune demande n’avait été déposée pour l’installation d’un stand dans le hall.

Qu’à cela ne tienne! Le PCR sera de retour ces mardi et mercredi à Uni Mail, non plus dans le hall, mais dans l'une des nombreuses salles de l'établissement universitaire. Mardi, à l'occasion d'un «événement», présenté comme «un condensé de la campagne (réd: de recrutement) avec une clarification de ce qu'est le PCR (...)». Mercredi, avec un thème d'actualité: «Soulèvements agricoles: analyses et perspective pour une lutte fertile. Conférence et discussion.»

Les flyers électroniques qui font office d’invitations pour les réunions de mardi et mercredi renvoient au PCR, qui a tenu un pré-congrès le 10 février à Bienne rassemblant 200 participants, l’objectif étant d’en compter 500 pour le congrès fondateur du parti prévu en mai.

Question: un parti politique peut-il organiser des réunions publiques à l’Unige?

«Oui, mais il doit payer pour la location de la salle et il ne doit pas en profiter pour récolter des signatures, par exemple»
Marco Cattaneo, porte-parole de l'Unige

Le PLR a ainsi déjà tenu des assemblées des délégués à l'Unige.

La différence est ici que le Parti communiste révolutionnaire ne paie pas pour la salle dans laquelle il tiendra la vedette. Pour la raison qu’il est l’invité de l’Association des étudiant.e.x.s de l'Université de Genève pour l'étude du marxisme (Asema), une structure reconnue par l’Unige et qui, à ce titre, a le droit d’organiser des réunions dans l’enceinte universitaire sans rien devoir débourser.

L’Asema servirait-elle de couverture au PCR? Pour Marco Cattaneo, «le règlement est jusqu’ici respecté». «L’Asema est dans son droit en mettant sur pied une conférence», explique le porte-parole, parlant de la réunion du mercredi 28 – ce n'est que lundi dans la soirée, alors que Marco Cattaneo n'était plus joignable, que nous avons appris qu'un événement aurait lieu la veille, le 27, également à l'enseigne du PCR.

Fait intrigant: il n’apparaît nulle part sur le site de l’Asema que cette dernière est l'organisatrice des rencontres du 27 et 28 février. On y trouve en revanche l’adresse internet du site marxiste.ch, qui n’est pas celle de l'Asema, mais celle de l’Etincelle, Der Funke en allemand. L'Etincelle n'est autre que le mouvement derrière la création du PCR.

«A l’Université de Berne, c’est permis»

Ces mardi et mercredi, sera-t-on encore dans un cadre associatif ou dans celui d’un parti politique profitant de l'aubaine pour délivrer sa bonne parole, de surcroît sans passer par la case location payante?

Contacté par watson, Caspar Oertli, responsable de la «campagne de lancement» du Parti communiste révolutionnaire, estime que «les étudiants communistes ont le droit de s’organiser sous une étiquette partisane au sein de l’Université». «A l’Université de Berne, c’est permis», dit-il. «Nous estimons que les travailleurs devraient aussi avoir le droit de le faire dans les entreprises», ajoute-t-il. Caspar Oertli, qui apparaît un peu comme l'homme orchestre de l'Etincelle, alias le PCR, fait part d’un détail le concernant, qui a son importance dans le présent contexte: «Je suis l’un des fondateurs de l’Asema», l’association pour l'étude du marxiste de l’Unige.

Une précision, encore, de Caspar Oertli sur la conférence du mercredi 28:

«Ce sont des étudiants de la Haute École du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève qui ont demandé à l'Asema (réd: seul le PCR apparaît sur les flyers) à pouvoir venir parler des révoltes agricoles, car leur école leur a interdit de le faire dans ses murs».
Caspar Oetli

L'Unige autorise donc la conférence du 28 (qu'en est-il de celle de ce mardi 27?), tout en rappelant qu'elle ne tolérera aucun «prosélytisme». Mais demander à des communistes de ne pas faire de prosélytisme n'est-il pas un vœu pieux?

A Genève, vous pouvez marcher sous les bombes de Poutine
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
«Nous vivons dans une société de privation de sommeil» en Suisse
Un tiers des Suisses souffrent de troubles du sommeil. Il s'agit d'un problème de santé publique majeur de plus en plus répandu, qui prend des formes très différentes et n'affecte pas tout le monde dans les mêmes proportions. Le point avec une spécialiste.

Les Suisses dorment mal. En 2022, plus d'un tiers de la population souffrait de troubles du sommeil, un pourcentage en augmentation depuis 25 ans. Seuls 3% des Helvètes affirment n'avoir jamais eu des difficultés à s’endormir. C'est ce qui ressort des derniers chiffres sur le sujet, diffusés ce jeudi par l'Office fédéral de la statistique (OFS).

L’article