Le samedi 9 mars, les événements ont été désastreux pour une cordée de six alpinistes au col de Tête Blanche en Valais. Une famille valaisanne a vu cinq de ses membres périr et une Fribourgeoise, dont les affaires ont été retrouvées, est toujours portée disparue.
Tous laissent derrière eux des familles profondément endeuillées. C'est le cas du père d'Emilie, la jeune femme de 28 ans dont le corps n'a pas été retrouvé, qui partageait la vie de l'un des frères décédés, rencontré sur les bancs de l'université de Fribourg.
Invité à témoigner dans La Liberté, Alexandre Deschenaux rembobine le début du drame. «Les sauveteurs sont revenus le samedi soir et ils ont dit qu’ils n’avaient pas pu accéder à l’endroit. Le lendemain, ils ont retrouvé cinq corps, mais un sixième n’était pas là.»
Cette réponse a plongé le père dans une profonde torpeur, qu'il décrit par ces mots: «C'est comme si j'avais perdu une partie de moi-même, c’est comme si on arrachait un bout de mon corps».
Si sa fille n'est pas officiellement décédée, le père ne se fait aucune illusion.
Alexandre Deschenaux s'est d'ailleurs isolé une semaine, avec sa deuxième fille, loin du brouhaha médiatique. Il désirait être tranquille «tant que la montagne ne lui avait pas rendu sa fille». Lors de la veillée en Valais, une vieille dame lui alors dit que «la montagne n'allait faire aucun mal à Emilie». Des mots qui l'ont réconforté.
A présent, il veut lui rendre hommage:
C'était une jeune femme sportive, qui «vivait à 200 à l'heure» et s'entraînait pour la petite Patrouille des Glaciers. Le jour du drame, son père s'est alors inquiété si c'était une bonne idée de faire Zermatt-Arolla. «Je lui ai demandé si elle était sûre à cause de la météo. Elle m’a dit de ne pas m’inquiéter»
C'est Emilie qui avait eu au bout du fil les secours avant que la communication ne soit coupée pour de bon. Selon le père, sa fille a sûrement dû partir à la recherche de réseau dans la tempête.
L'homme réputé au caractère solide, comme l'écrit le quotidien fribourgeois, continue d'avancer tant bien que mal, mais le deuil est terrible. Il compte sur ses copains pour lui remonter le moral, évoquer les choses banales de la vie qui lui font du bien en ces temps difficiles. «Ça me fait du bien, ça me tient debout», confesse-t-il.
Pour tenir le coup, il multiplie les randonnées à cheval, sa passion. «Chaque fois que je vois une chapelle, je vais allumer une bougie. Je me dis que c’est comme ça, que c’est le destin, que c’était écrit». (svp)