L'abattage des loups en Valais fait couler beaucoup d'encre dans le canton. Le Conseil fédéral avait autorisé, dès le 1er décembre 2023, les tirs dits préventifs de loups. Sauf qu'une semaine plus tard, ils ont été suspendus par le Tribunal administratif fédéral (TAF).
Interrogé sur les ondes de La Matinale de la RTS, Christophe Darbellay, le président du Conseil d’Etat valaisan et chasseur lui-même, s'est montré partisan de ces tirs préventifs et fait valoir la trop grande densité de loups sur le territoire de son canton, arguant qu'elle est:
Une comparaison avec le célèbre parc américain qui a été accueillie avec scepticisme. «Je ne sais pas d’où il sort ces chiffres et ces informations. Surtout, il y a de grandes différences en termes d’urbanisations et de territoire», nous confie Christophe Clivaz, conseiller national (Vert/VS).
Si l'écologiste valaisan confirme qu'une régulation est nécessaire, il reproche surtout à Christophe Darbellay de rendre «le dossier extrêmement émotionnel».
Pour le conseiller national vert, la position de Christophe Darbellay est semblable à celle d'Albert Rösti, le conseiller fédéral UDC: «On jette un peu d’huile sur le feu, à la hussarde. Et cela fait sortir du bois des milieux qui sont de farouches défenseurs du loup. Ce n'est pas utile».
Même son de cloche pour Jérémy Savioz, chargé d'affaires pour Pro Natura Valais, déplorant «qu'à l'heure du dialogue, souffler sur les braises ne sert à rien».
Pour le conseiller municipal sierrois, «Christophe Darbellay use et abuse d’approximations et d’exagérations, empreintes de mauvaise foi. Il cherche à provoquer».
Concernant la réintroduction du loup sur le territoire comme le mentionnait Christophe Darbellay lors de son intervention, Christophe Clivaz tempère:
«On en attend toujours la preuve», demande Jérémy Savioz, avant d'étayer ses dires: «Le loup a recolonisé les Alpes italo-françaises (Mercantour) en provenance des Apennins, au début des années 1990. De là, il n’avait plus que 200 km à parcourir, soit 3 jours de "marche" à peine».
Outre cette bataille de chiffres, c'est le manque de professionnalisme qui embête nos deux interlocuteurs, surtout quand il remet en cause les dires du professeur Raphaël Arlettaz. Jérémy Savioz précise:
Christophe Clivaz souligne une autre problématique: «Si on déstructure une meute, le loup est beaucoup plus dangereux». Pour les défenseurs de la cause animale, la mort d'une bête dominante peut augmenter l'agressivité et les attaques envers les troupeaux. Il recentre:
Entre 90 et 120 loups sont présents sur le territoire cantonal. Un nouveau bilan est prévu pour 31 janvier, après la période de régulation. Pour rappel, 24 bêtes ont été abattues jusqu’ici, rappelle Le Service de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF) dans les colonnes du Nouvelliste.