Dans un appel conjoint de partis et d’organisations de gauche à manifester, jeudi, à Lausanne, contre l’«occupation de la Palestine» par Israël, les premiers mots sont les suivants: «Suite à une offensive surprise du Hamas le sept octobre, s'inscrivant dans la suite de plusieurs mois de politiques meurtrières envers le peuple palestinien, l'État d'Israël a enclenché une réponse armée d’envergure exceptionnelle d’une violence inouïe». La Jeunesse socialiste vaudoise (JSV) est cosignataire de cet appel. Ce qui choque ici sont les mots choisis pour qualifier le massacre, le 7 octobre, de 1300 civils israéliens par le Hamas: «une offensive surprise».
Le Parti socialiste vaudois (PSV) approuve-t-il le choix de ces mots?
Romain Pilloud: Vous avez pu constater que le Parti socialiste vaudois n’était pas associé à cette manifestation prévue jeudi à Lausanne. Pour le PSV, il est très clair que l’acte commis par le Hamas le 7 octobre est ignoble. Il s’agit d’une agression inhumaine, terroriste. Reconnaître l’horreur perpétrée par le Hamas ne dispense naturellement pas Israël de respecter le droit international dans ce qu’il appelle sa riposte. Ce qu’on constate, c’est qu’on est très loin de l’idée de désescalade qui nous semble la seule manière d’épargner les vies civiles. De notre point de vue, aucune raison ne justifie d’attaquer des civils dans un camp ou dans l’autre.
La JSV est-elle juridiquement indépendante du PSV?
Oui, complètement. Ce sont deux associations différentes, chacune avec ses propres statuts. Dans les statuts du PSV, la JSV est certes reconnue, mais celle-ci a toujours été libre de ses prises de position. Elle publie de manière indépendante ses communiqués de presse. Ce qui est certain dans le cas présent, c’est que le PSV ne partage pas les termes dans lesquels la JSV appelle, avec d’autres, à manifester jeudi. Ce que nous partageons, c’est qu’il ne faut pas oublier le contexte qui explique aujourd’hui la situation explosive qui prévaut en Israël, à Gaza et en Cisjordanie occupée. Nous condamnons la politique de répression menée depuis de nombreuses années par Israël à l’encontre des Palestiniens. Nous condamnons sa stratégie de colonisation de la Palestine.
Dans la cause palestinienne, dont la quête d’un Etat souverain est reconnue par le droit international, n’est-il pas important de rappeler, à la JSV, qui s’adresse par définition aux jeunes, le sens des mots? Un massacre n’est pas une offensive surprise.
Bien sûr. Il est particulièrement difficile, ces derniers jours, d’exprimer un point de vue sans qu’on se fasse reprocher la moindre virgule, le moindre propos. J’entends la volonté de la jeunesse de s’engager pour la Palestine et contre le colonialisme d’Israël, cet engagement est également le nôtre, mais il est bon aussi de rappeler que les mots, en effet, ont un sens. La volonté est telle dans cette jeunesse de défendre la Palestine, qu’il y a parfois des maladresses dans les mots.
