Suisse
Vaud

Vaud: la grève du climat prépare la guérilla (administrative)

Thousands of students demonstrate during a "Climate strike" protest in Lausanne, Switzerland, Friday, March 15, 2019. Students from several countries worldwide plan to skip class Friday in p ...
La branche vaudoise du mouvement Grève du Climat «exige l’arrêt total des constructions et du béton».Image: KEYSTONE

La Grève du Climat prépare la guérilla (administrative)

Le secteur du bâtiment représente un quart des émissions polluantes en Suisse. La branche vaudoise de la Grève du Climat exige «l’arrêt total des constructions et du béton», et a un plan très pratique pour y parvenir.
19.01.2023, 05:5519.01.2023, 08:46
Suivez-moi
Plus de «Suisse»

La lutte contre le réchauffement climatique passe également (voire surtout) par le secteur du bâtiment. C'est ce que pensent de nombreux mouvements climatiques, comme Renovate Switzerland ou Dernière Rénovation. Ceux-ci demandent aux autorités de rénover les immeubles mal isolés, afin de réduire leurs émissions de CO2.

La branche vaudoise de la Grève du Climat partage le même avis, mais avance des revendications plus radicales. Le mouvement «exige l’arrêt total des constructions et du béton», peut-on lire dans un communiqué publié mardi soir.

La phrase doit être interprétée de manière littérale. «Le simple fait de construire un bâtiment nuit énormément à l'environnement et contribue à artificialiser les sols», réagit Loris, membre de la Grève du Climat. «Notre objectif ultime est l'arrêt de toute nouvelle construction». Et le militant de développer:

«Il existe déjà assez de constructions pour loger la population»
Loris, Grève du Climat

Un quart des émissions

Selon le mouvement, «ce serait malhonnête de dire que l’on construit pour loger». Depuis 2000, 68% des bâtiments construits en Suisse sont des maisons individuelles, mais seulement 28% de la population y vivent, illustre-t-il en s'appuyant sur un rapport de l'Office fédéral de l'environnement (Ofev).

«Beaucoup de bâtiments sont vides», poursuit Loris. «D'autres, liés à des activités polluantes, tels que les aéroports, pourront également être reconvertis. Dans notre vision de l'avenir, ces lieux sont amenés à disparaître».

En Suisse, le secteur du bâtiment représente 23,9% des émissions totales de gaz à effet de serre, selon des chiffres diffusés par l'Ofev relatifs à 2020. Moins que le domaine des transports (31,6%) ou de l'industrie (24,9%). Mais l'impact de la construction est plus large, dénonce la Grève du Climat: elle détruit les écosystèmes et participe ainsi à l’effondrement de la biodiversité. De plus, le béton est responsable de 8% des émissions de CO2 dans le monde, déplore encore le collectif. En Suisse, l’industrie du ciment serait en outre particulièrement polluante.

Opposition systématique

Tout cela doit s'arrêter, estime la Grève du Climat, qui a un plan: s'opposer à tous les projets immobiliers. Une stratégie déjà utilisée par le passé, mais qui sera désormais appliquée de manière systématique, dans l'objectif de «ralentir, bloquer et épuiser ce système destructeur».

Une part significative des bâtiments sont encore chauffés au mazout et au gaz en Suisse.
Le secteur du bâtiment représente un quart des émissions de gaz à effet de serre en Suisse.Image: KEYSTONE

Concrètement, ça se passe comme ça: chaque mardi et chaque vendredi, la Centrale des autorisations en matière de construction (Camac) publie toutes les nouvelles demandes de construction. Pendant un mois, toute personne résidant dans le canton de Vaud peut faire opposition. Un droit dont la Grève du Climat compte bien bénéficier. «Nous n'allons pas nous opposer à toutes les demandes, mais allons sélectionner toutes celles qui posent problème», détaille Loris.

Ces dernières comprennent par exemple la «construction de villas ou de piscines, ou la démolition d'un immeuble qui va être reconstruit juste à côté», développe le militant. «Ce mois, nous en avons identifié 66».

La Grève du Climat ne va pas uniquement s’opposer à tous les projets immobiliers. Elle invite la population à faire tout autant, dans l'espoir d'influencer les communes, à qui revient la décision finale.

«Plus de personnes participent, plus l'impact de nos demandes grandit. S'il s'agit de personnes habitant la commune concernée, l'effet est encore plus fort»
Loris, Grève du Climat

Les expériences passées du collectif l'ont clairement montré, poursuit le militant: «D'où l'idée de démocratiser ce moyen de lutte, pour élargir l'impact de l'action». La Grève du Climat affirme par ailleurs «ne pas pouvoir faire confiance à l’Etat et aux institutions».

Reconversion professionnelle

Au-delà de l'impact direct de cette stratégie, les militants de la Grève du Climat aspirent à un monde où l'on arrête de construire de nouveaux bâtiments. Avec quel impact sur les travailleurs du secteur?

Là encore, Loris pense au long terme. «Beaucoup de secteurs vont nettement évoluer, diminuer en activité voir disparaître», illustre-t-il. «C’est pourquoi il y a besoin d’un plan de reconversion professionnelle massif, notamment dans le secteur du bâtiment, qui sera moins actif».

Pour l'instant, on n'en est pas encore là. En attendant, chaque citoyen désirant participer peut se servir d'une lettre-type mise à disposition par le collectif et qui peut être envoyée à l’administration communale. L'action ne concerne pour l'heure que le canton de Vaud.

Des activistes du climat bloquent l'autoroute
Video: watson
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
«Le toit s'est effondré»: ces Suisses ont vécu l'enfer à Dubaï
Routes fermées, maisons inondées, insalubrité... Plusieurs expatriés racontent comment ils ont vécu cette journée du 16 avril et quelle est la situation actuelle.

Au lendemain de la tempête à Dubaï, il fait grand beau et le ciel bleu donne cette impression que la veille n'était qu'un cauchemar pour ses habitants. Mais en regardant l'état des routes et de certains bâtiments, on réalise la vulnérabilité de cette ville si high-tech face aux catastrophes naturelles. Il a plu en 24 heures l'équivalent d'une année de précipitations. Les Emirats arabes unis n'avaient pas enregistré de telles pluies depuis 75 ans.

L’article