A Paris, les frais de stationnement pour les Sport Utility Vehicles, appelés SUV, vont tripler. Certains seraient sans doute favorables à une telle mesure dans notre pays. L'époque où la Suisse était un pays de breaks est révolue. Les monospaces familiaux ont rapidement été remplacés par des SUV.
Ces véhicules ont la cote en Suisse. La clientèle réclame ces voitures plus hautes qui dégagent un air de tout-terrain. L'expert automobile Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research, explique:
Mais les SUV ne sont pas appréciés par les élus de gauche. Ils sont considérés comme des dinosaures de l'époque des véhicules à combustion fossile. Ils sont aussi jugés plus dangereux, car plus larges, plus longs et plus hauts. La chasse aux SUV est donc lancée, surtout dans les villes.
En Suisse aussi, il y a régulièrement des tentatives politiques d'interdire ou de limiter les SUV. En 2008 déjà, les Jeunes Verts de Bastien Girod ont tenté de mettre un terme aux SUV avec l'initiative Offroader, qui a toutefois été retirée au profit d'un contre-projet.
En juin 2023, la conseillère nationale genevoise verte, Isabelle Pasquier-Eichenberger, a demandé au Conseil fédéral d'interdire l'importation de nouveaux SUV et véhicules tout-terrain d'un poids à vide de deux tonnes ou plus à partir de 2025.
Le Conseil fédéral a rejeté la demande au motif que les problématiques énumérées, telles que la consommation, les émissions de CO2, la mise en danger des usagers de la route les plus faibles, ne sont pas propres aux véhicules tout-terrain ou aux SUV.
A Lausanne, le conseil municipal a adopté en 2022 trois résolutions ayant pour objectif l'élimination des SUV. A Bâle-Ville, le député des Verts Raphael Fuhrer a déposé en janvier une motion demandant que les SUV soient davantage taxés, acceptée par le Parlement à 54 voix contre 38.
Un député du PLR a toutefois fait remarquer que si l'on taxait davantage les SUV, il faudrait également taxer davantage les voitures électriques en raison de leur poids. En effet, ces dernières sont généralement beaucoup plus lourdes que les véhicules à moteur à combustion en raison de leur batterie. Le gouvernement bâlois a maintenant 18 mois pour élaborer un projet allant dans le sens de la motion votée.
Pour Ferdinand Dudenhöffer, expert automobile, bannir les SUV des villes ne deviendra pas une généralité. Il reconnaît toutefois:
Reste à savoir ce qu'on entend par «gros véhicule». Il y a déjà une différence, selon l'expert, entre le traitement d'une voiture de même longueur extérieure, mais de hauteurs et largeurs différentes. Par exemple, une BMW de la série 7 n'est guère plus petite que le SUV X7 de BMW. De plus, cette voiture n'est pas moins puissante, mais simplement moins haute. Selon le Ferdinand Dudenhöffer, la hauteur fait une différence. Elle influence la visibilité dans la circulation, notamment pour les enfants ou les cyclistes, moins visibles avec les énormes SUV.
Pour Auto-Suisse, on généralise trop la question des SUV.
Les SUV modernes sont très sûrs et disposent, comme toutes les nouvelles voitures de tourisme, des systèmes d'assistance à la sécurité les plus récents. Le risque d'accident n'est pas plus élevé que pour les autres voitures de tourisme.
«Tous les SUV ne se valent pas», pointe Ferdinand Dudenhöffer. En fait, le terme SUV n'est pas clairement défini, ce qui ne permet pas de chiffrer précisément le nombre de ces véhicules en Suisse, comme le dit Ferenc Biedermann de l'Office fédéral de la statistique (OFS).
Auparavant, l'OFS avait simplement compté tous les véhicules lourds à quatre roues motrices. Cela n'est plus admissible, «car les voitures électriques avec leurs batteries pèsent aussi plus de 2 tonnes et il existe de plus en plus de SUV au format de petite voiture». On estime que 850 000 voitures sont des SUV sur un total de 4,6 millions de voitures de tourisme en Suisse. Une tendance à la hausse.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)