S’agit-il simplement de l’arrivée d’une nouvelle marque automobile sur le marché ou du début d’une révolution? Mardi, le groupe chinois BYD a présenté pour la première fois ses véhicules en Suisse, lors d’un événement organisé à l’Umwelt Arena de Spreitenbach (AG). L'entreprise n'a laissé aucun doute sur le caractère novateur de ses voitures électriques et hybrides. Dans de longues vidéos, des enfants, des familles et des ingénieurs ont vanté les mérites des modèles du groupe, tandis que les dirigeants de BYD évoquaient dans leurs discours le «début d’une nouvelle ère» et une «offre inédite».
En effet, BYD pourrait dynamiser le marché suisse des voitures électriques. Fondée en 1995 à Shenzhen comme fabricant de batteries, l'entreprise connaît une croissance fulgurante, rare dans le secteur. Ce n’est pourtant qu’en 2003 qu’elle s’est lancée dans l’industrie automobile, avant de commercialiser son premier modèle hybride rechargeable cinq ans plus tard.
En 2020, BYD a lancé ses premiers véhicules 100% électriques, et en 2022, la marque a fait ses débuts sur le marché européen. En 2023, elle a dépassé Volkswagen (VW) en Chine en termes de ventes de voitures électriques, prenant ainsi la première place sur ce marché clé. Lors du quatrième trimestre 2023, BYD a vendu plus de véhicules électriques que Tesla au niveau mondial, et l'année dernière, le groupe chinois a également surpassé son rival américain en chiffre d'affaires.
En 2024, le bénéfice a augmenté de près d’un tiers par rapport à l’année précédente, atteignant l’équivalent de 4,9 milliards de francs suisses, pour un chiffre d’affaires de 96 milliards. Bien que le groupe Volkswagen génère encore un chiffre d’affaires environ trois fois supérieur à celui de BYD, l’expansion de ce dernier en Europe pourrait rebattre les cartes.
En Europe, BYD reste encore un acteur modeste face au leader du marché, Volkswagen. En février, VW a écoulé 19 565 voitures électriques sur le continent, soit une hausse de 180% par rapport à février 2024, portée notamment par la crise chez Tesla et le succès inattendu de modèles comme le break électrique ID.7. BYD a vendu 4436 véhicules sur la même période, enregistrant tout de même une progression de 94% sur un an. Tesla, en revanche, a vu ses nouvelles immatriculations chuter de 44%, à 15 737 unités.
Actuellement, BYD est présent dans 12 pays européens, avec pour objectif d'atteindre 29 d'ici la fin de l'année. Parallèlement, l'entreprise s'apprête à ouvrir une usine en Hongrie. Ses véhicules ne sont cependant pas bon marché. Stella Li, vice-présidente de BYD, a déclaré à CH Media que la marque cible une clientèle exigeante, soucieuse de qualité et de technologie.
Au lancement, trois modèles sont disponibles en Suisse. D'ici la fin de l'année, l'offre devrait s'étendre à 13 véhicules. Le modèle hybride rechargeable Seal-U DM-i est proposé à partir de 42 990 francs, tandis que la berline 100% électrique Seal débute à 48 990 francs. Le SUV électrique Sealion 7 est quant à lui disponible dès 49 990 francs. Selon les finitions, les prix peuvent atteindre jusqu'à 60 990 francs.
Comparés à des modèles similaires d'autres constructeurs, les véhicules de BYD restent plus abordables, mais ils ne se positionnent pas comme des modèles d'entrée de gamme. Cette stratégie devrait se poursuivre. D'ici la fin de l'année, BYD prévoit d'introduire en Suisse d'autres modèles ainsi que Denza, sa marque premium encore plus onéreuse.
Elle ne croit pas que les consommateurs locaux aient des réticences envers les voitures chinoises. De plus, selon elle, les produits de BYD font déjà partie du quotidien en Europe depuis longtemps.
En effet, le conglomérat produit non seulement des voitures, mais aussi des batteries, des masques de protection et des composants pour smartphones. «Un tiers des smartphones dans le monde contiennent des composants de BYD», explique Li. La même chose s'applique aux tablettes.
Dans un premier temps, l'accent sera mis sur l'expansion du réseau de distribution et des centres de service, explique Li. Pour ce faire, BYD collabore avec des partenaires. Par exemple, le groupe allemand Bosch est responsable d'une grande partie du service après-vente en Europe. Pour la distribution, BYD s'appuie notamment sur une collaboration avec le groupe chinois Harmony Auto.
Selon la vice-présidente, une coopération avec le groupe Emil Frey en Suisse n'est pas écartée. BYD collabore déjà avec ce groupe en France. L'objectif de BYD reste de vendre ses véhicules en Suisse via le réseau d'Emil Frey. Des discussions sont actuellement en cours en ce sens.
La première succursale de BYD à Zurich ouvre officiellement ce mercredi, mais elle est déjà en fonctionnement depuis quelques jours dans le cadre d'un «Soft Launch». D'ailleurs, les premiers véhicules ont déjà été vendus. Des implantations à Cadenazzo et Lugano auront lieu les 4 et 11 avril. D'ici la fin de l'année, des succursales ouvriront à Bâle, Zug, Lucerne, Berne, Genève ou Bienne. A la fin de 2026, plus de 60 succursales devraient être en activité.
Traduit et adapté par Noëline Flippe