Ce n’est pas l’été qui est parti, c’est notre mémoire collective qui est défectueuse. «L’été n’est jamais parti», insiste Frédéric Glassey. Et il sait de quoi il parle. Car dans le discours ambiant, confondre ressenti météo et réalité statistique est devenu une sorte de sport national.
Pourtant, rappelle le météorologue, quelques jours de grisaille ne suffisent pas à enterrer une saison. Pas plus que quelques gouttes de pluie ne transforment juillet en automne.
Ce week-end maussade, par exemple? «On a eu du soleil vendredi, des éclaircies samedi, et dimanche, il a fait 25°C à Genève – ce qui en fait quand même une journée estivale, même ponctuée d’averses», souligne-t-il. A ses yeux, le problème est ailleurs:
Et pour cause: après un mois de juin particulièrement chaud (17 journées tropicales recensées à Genève, contre 4 en moyenne), juillet a semblé timide. Mais c’est une illusion d’optique. En réalité, il a été pile dans les clous, voire un peu au-dessus, si si.
Quelques chiffres suffisent à remettre les pendules à l’heure. La température moyenne attendue à Genève en juillet (norme 1990-2020) est de 20,6°C. En 2025, à trois jours de la fin du mois, on est déjà à 21,2°C. Soit un excédent de 0,6 degré; non négligeable, surtout comparé à une moyenne déjà réchauffée par trois décennies de changement climatique.
Côté soleil, même topo. Sur un mois de juillet «normal», Genève comptabilise 269 heures d’ensoleillement. En date du 28 juillet, on en est déjà à 250, et les trois jours restants devraient apporter au minimum 25 heures supplémentaires. Résultat: sauf surprise, on terminera ce mois avec un bilan ensoleillé au-dessus de la norme. Quant aux précipitations, elles s’élèvent pour l’instant à 61 mm, contre une norme de 79 mm. Même avec quelques averses en fin de mois, on restera probablement sous la moyenne. Conclusion de Frédéric Glassey:
Alors pourquoi cette impression tenace d’un été en sourdine? Peut-être parce que, selon le météorologue, «l’être humain ne perçoit pas les moyennes, il retient les extrêmes». Traduction: on se souvient des 17 journées tropicales de juin, et on oublie qu’en juillet, seules cinq journées à Genève n’ont pas atteint les 25°C. Le reste du temps, c’était bel et bien l’été.
Mais c’est vrai: juillet s’est terminé en pente douce. Après un départ sur les chapeaux de roue, avec bonus canicule, la deuxième quinzaine s’est montrée plus fraîche, plus humide, plus mitigée.
C’est mathématique, même si les festivaliers à Paléo ont terminé le week-end dans un joyeux bain de boue collectif.
Alors, la fameuse question: quand est-ce que l’été revient? Si par là, on entend «des conditions agréables et un retour du soleil», la réponse est simple: dès demain. «Mardi, on aura une belle journée, ensoleillée, mais respirable. Mercredi, ce sera un peu plus variable, mais globalement, on repart sur une météo correcte, mais sans excès», assure le météorologue.
Mais si la question sous-entend «grosse chaleur, voire canicule», alors il faudra patienter un peu. «Rien de tout ça cette semaine. On est sur des températures agréables, pas caniculaires», précise-t-il.
En revanche, les tendances pour les deuxième et troisième semaines d’août (à partir du 11) laissent entrevoir un net réchauffement. Pas une certitude, les modèles sont encore prudents, mais une probabilité bien présente d’anomalies chaudes. Traduction? Des températures plus élevées que la normale, et peut-être une nouvelle période de chaleur durable.
D'ici là, il reste encore quelques jours de juillet à digérer. Des journées ni follement radieuses, ni totalement pourries, mais typiques d’un été suisse: changeant, légèrement au-dessus des normes… et déformé par notre mémoire sélective.