C'est une vidéo «leakée» par Greenpeace qui ne devrait pas plaire aux meilleurs amis des animaux. Des porcs entassés dans un élevage suisse, de jour, et dont les mouches recouvrent le corps tout entier; des poulets morts, dont un écrasé.
A grand renfort de musique grave et triste sur un montage bien choisi, la vidéo a pour but de taper direct dans le cœur des plus sensibles d'entre nous avant la votation du 25 septembre sur l'élevage intensif, dont l'issue est serrée.
Selon le mouvement écologiste, ces élevages fournissent les rayons de la Migros et de la Coop. Et ces images, «filmées l'été dernier quelque part en Suisse», fourniraient la preuve que l'élevage est bien «intensif» en Suisse.
Selon Greenpeace, le scandale ne se situe pas tant dans les images montrées que le fait que tout ce qu'y voit rentre dans les clous de la loi actuelle sur l'élevage, qui sera maintenue en cas de refus dans les urnes le 25 septembre.
Greenpeace ne cache pas la volonté d'influer sur le vote à venir. Au bout du fil, Alexandra Gavilano explique qu'il s'agit «de montrer la réalité de l’élevage intensif, souvent masquée par les slogans des opposants».
L'aspect écologique n'est bien évidemment pas en reste, et le groupe insiste pour asséner que la consommation de viande produit du CO2 en grande quantité et joue un grand rôle dans la perte de la biodiversité:
On l'a bien compris, selon Greenpeace, le fait que la loi suisse «soit l'une des plus dures au monde» n'est pas suffisant. Selon les militants, il reste encore beaucoup à faire. Par exemple, 92% de ces poulets n'auraient pas accès à l'air extérieur.
Le groupe note également qu'environ 4% des poulets meurent avant d'atteindre l'abattoir. Un pourcentage de mortalité discuté par les éleveurs, mais qui ne nient pas qu'un faible pourcentage ne survit pas aux conditions d'élevage:
D'autant que, si Greenpeace critique les conditions dans cet élevage et d'autres, il ne remet pas en cause le principe même de manger de la viande, à l'image de certains groupes antispécistes. Une différence de poids quelques semaines avant la votation, qui déchire les groupes de protection des animaux entre eux.
Le groupe préfère mettre en avant sa fibre sociale plutôt que sociétale en rappelant les difficultés dont souffrent les éleveurs et agriculteurs, trop souvent liés à leurs impératifs économiques:
Greenpeace parle ainsi de «différences respectives» dans les approches. Pour le groupe, c'est «l'éthique de vivre ensemble avec les autres espèces» qui est privilégiée, plutôt que l'affaissement de la barrière entre les espèces que réclame l'antispécisme. Le groupe n'hésite toutefois pas à parler de «justice alimentaire» dans ce contexte.