Le 9 juin, la nouvelle loi sur l'électricité sera soumise au vote. Le Conseil fédéral et le Parlement veulent ainsi garantir l'approvisionnement de la Suisse en énergies renouvelables. Une large alliance de tous les partis, à l'exception de l'UDC, soutient le projet, tout comme les grandes associations environnementales et économiques.
L'UDC, l'association anti-éoliennes Paysage Libre Suisse et la Fondation Franz Weber, créée par le défenseur du paysage du même nom, se battent pour un non.
Les partisans n'ont pas seulement l'avantage dans les sondages. Ils disposent également d'un budget plus important. Le montant total de la campagne pour le oui s'élève à environ 2,4 millions de francs. Les opposants disposent de 1,3 million de francs. C'est ce qui ressort des données que les responsables ont dû rendre publiques en raison des nouvelles règles de transparence en matière de financement politique.
Les principaux bailleurs de fonds du camp du oui sont les trois géants du secteur énergétique: Axpo, Alpiq et BKW, qui sont en grande majorité en mains publiques. Elles appartiennent directement ou indirectement aux cantons via les entreprises énergétiques cantonales.
En fin de compte, ces entreprises appartiennent à la population suisse - et donc aussi aux électeurs qui vont rejeter la nouvelle loi sur l'électricité. Est-il admissible qu'Axpo et consorts participent financièrement à la campagne pour le oui?
Non, estime le conseiller national valaisan UDC Michael Graber. Son parti a participé à la campagne avec un budget de 500 000 francs.
A ses yeux, ces entreprises sont des constructions mixtes très complexes en termes de propriété et manquent souvent de transparence. Toutefois, cet engagement ne surprend pas le conseiller national:
Michael Graber qualifie ces groupes et leurs managers de nouveaux «banquiers à bonus»: ils appellent à l'aide de l'Etat lorsque des pertes menacent, mais lorsqu'il y a des bénéfices, il n'y a rien en retour pour le public.
Chez Axpo, Alpiq et BKW, on défend l'engagement dans la campagne de votation: «Nous sommes convaincus que cette loi apporte une contribution importante à un approvisionnement en électricité sûr et fiable de la Suisse», écrit par exemple Axpo.
La sécurité de l'approvisionnement en électricité est également centrale pour les activités d'Alpiq, affirme l'entreprise. La loi fournit les instruments permettant de l'améliorer:
BKW avance des arguments similaires. L'entreprise indique que les projets d'aménagement de 15 centrales hydroélectriques, prévus par la loi, sont aussi essentiels. En cas d'acceptation, leur réalisation primerait sur «d'autres intérêts nationaux». Les deux projets d'extension et de construction de BKW au lac du Grimsel et au glacier du Trift, déjà bien avancés, en font partie.
Le canton de Berne, en tant que propriétaire majoritaire de BKW, justifie lui aussi la contribution de l'entreprise dans la campagne de votation. A ses yeux, un oui à la loi sur l'électricité s'inscrit dans ses objectifs de politique énergétique. De plus, le gouvernement bernois soutient lui aussi la loi sur l'électricité.
Ce n'est pas un hasard si les trois géants de l'électricité apportent tous la même contribution financière. Ils se sont mis d'accord sur ce point dans le cadre de l'alliance «Pour un approvisionnement en électricité sûr et abordable». Celle-ci a été initiée par l'Association des entreprises électriques suisses (AES) en vue de la campagne de votation. L'association faîtière du secteur électrique participe également à la campagne pour le oui à hauteur de 250 000 francs.
La campagne n'est pas financée par les clients de l'approvisionnement de base d'aucune des entreprises participantes, précise une porte-parole de l'AES. En d'autres termes: les électeurs qui rejettent la loi ne paient pas la campagne pour le oui avec leur facture d'électricité.
Traduit et adapté par Chiara Lecca