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WEF2025

Les «forces du renouveau» veulent déplacer le WEF de Davos

WEF Davos
Des images qui font le tour du monde lorsque le WEF se déroule dans la ville enneigée de Davos.Image: keystone

La Suisse est menacée de perdre un morceau de son soft power

Le Forum économique mondial est associé à Davos au niveau international. Après l'éviction du fondateur du forum Klaus Schwab, un autre tabou se lève.
24.04.2025, 11:5124.04.2025, 11:51
Patrik Müller / ch media
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Jusqu'à présent, trois personnes garantissaient que la rencontre annuelle du Forum économique mondial (WEF) se déroule à Davos – malgré le fait que ce lieu traditionnel ait toujours fait l'objet de discussions au sein des instances dirigeantes de l'organisation qui compte 1000 membres. La dernière fois, c'était pendant la pandémie de Covid-19. On avait alors décidé d'organiser la réunion annuelle à Singapour – elle n'avait finalement pas pu avoir lieu et s'était tenue en ligne.

Ces trois personnes sont Klaus Schwab, fondateur du WEF et président de la fondation jusqu'à dimanche dernier, Børge Brende, CEO du Forum économique mondial et Alois Zwinggi, directeur général. Aujourd'hui, Schwab est parti avec effet immédiat et Zwinggi prendra sa retraite début 2027, selon nos informations. Des trois «garants de Davos», seul Brende reste.

Ces bouleversements donnent de l'élan au 27 membres du conseil de fondation qui estime depuis longtemps que la rencontre annuelle ne devrait pas toujours avoir lieu à Davos.

Alois Zwinggi (à g.), directeur du WEF, prendra sa retraite début 2027, le président Klaus Schwab a déjà démissionné.
Alois Zwinggi (à g.), directeur du WEF, prendra sa retraite début 2027, le président Klaus Schwab a déjà démissionné.Image: keystone

Schwab est allemand, mais suisse de cœur. Lui-même craint pour son ancrage, maintenant qu'il a démissionné. Lors de notre entretien, il dit avoir eu des entretiens avec différents membres du Conseil fédéral «dans le but d'ancrer le forum en Suisse». Concrètement, il a proposé d'envoyer une personne de confiance du Conseil fédéral au conseil de fondation.

«Cette personne devait s'assurer que le Forum reste étroitement lié à la Suisse»
Klaus Schwab, fondateur du WEF et ex-président de la fondation

Il n’a cependant pas pu mener ce processus à son terme. Le scandale du lanceur d’alerte est venu s’interposer.

Schwab n'a pas voulu donner de détails. Mais nos recherches montrent que les réflexions étaient déjà bien avancées. Si Schwab avait démissionné en bonne et due forme, son successeur au conseil de fondation aurait probablement été Philipp Hildebrand.

Le cadre de BlackRock et ancien président de la Banque nationale suisse est depuis des décennies étroitement lié au WEF et considéré comme un homme de confiance de Schwab. C’est précisément ce qui, selon certaines sources internes au conseil de fondation, lui aurait nui.

epa08780701 Philipp Hildebrand, a former head of the Swiss Central Bank, speaks at a press conference in Bern, Switzerland, 28 October 2020. The Swiss government has nominated Hildebrand as candidate  ...
Philipp Hildebrand, un habitué du WEF, aurait pu succéder à Schwab.Image: keystone

Dans la lutte pour le pouvoir au sein de la direction du WEF à Cologny (GE), les «forces du renouveau» ont désormais le dessus, dit-on. C’est pourquoi les candidats trop proches de Schwab n’auraient actuellement aucune chance. Hildebrand aurait eu de bonnes perspectives via le Conseil fédéral. Il y a peu, il a d’ailleurs été invité par le gouvernement suisse pour donner son avis sur les relations avec les Etats-Unis et sur le différend douanier.

epa12049230 The Villa Mundi, owned by the World Economic Forum (WEF), is seen in Cologny, near Geneva, Switzerland, 23 April 2025. Klaus Schwab, founder of the World Economic Forum (WEF), stepped down ...
Le siège du WEF à Cologny.Keystone

Schwab défendait ardemment, au sein du conseil de fondation, la tradition de tenir chaque réunion annuelle à Davos. Seule exception, en 2002, après les attentats du 11 septembre, elle avait été déplacée à New York par solidarité. Désormais, un courant du conseil de fondation remet cela en question et évoque d’autres options, comme Singapour. Fait notable, le président de Singapour siège au conseil de fondation du WEF. Des villes américaines sont également envisagées en alternative à Davos.

Dans l’entourage du Conseil fédéral, on entend dire qu’il n’est pas évident qu’un représentant officiel de la Suisse ait sa place au sein du conseil de fondation. Le WEF étant une organisation privée, la Suisse officielle n’y aurait pas sa place, estiment certains au sein du gouvernement. Le processus de prise de décision n’était pas encore achevé, mais, avec les changements de pouvoir au WEF, cette question semble désormais obsolète.

Si le WEF devait quitter Davos, certains habitants de la vallée du Landwasser s’en réjouiraient sans doute. L’événement annuel occasionne des désagréments pour les résidents. En même temps, son impact économique est indéniable. La population locale se montre ambivalente, mais les votations populaires ont toujours, ces derniers temps, donné raison au WEF. Un départ serait un choc pour la plupart des Davosers.

Au-delà de ses retombées économiques locales, la présence du WEF à Davos constitue un puissant vecteur de soft power pour la Suisse. Chaque mois de janvier, les projecteurs du monde entier sont braqués sur la petite station grisonne, transformée en centre névralgique de la diplomatie économique mondiale.

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