Suisse
Société

Pourquoi le secteur des soins à domicile questionne en Suisse

De plus en plus de personnes se font embaucher pour s'occuper de leurs proches.
De plus en plus de personnes se font embaucher pour s'occuper de leurs proches.Image: Benjamin Manser

Suisse: ce secteur de soin est concerné par une pratique «indésirable»

Les soins prodigués par des proches aidants font augmenter les coûts de la santé. On constate aussi des pratiques douteuses en matière de facturation. Malgré tout, le Conseil fédéral ne voit pas la nécessité d'agir.
16.10.2025, 16:5716.10.2025, 16:57
Anna Wanner / ch media

Les soins prodigués par les proches préoccupent le monde politique, car certaines organisations privées de soins à domicile sont soupçonnées de gagner beaucoup d’argent en employant des membres de la famille.

Plusieurs responsables de la politique de santé souhaitent désormais encadrer plus strictement ce domaine afin d’empêcher que des bénéfices soient réalisés aux dépens des payeurs de primes et des contribuables.

Un secteur en plein boom

Le Conseil fédéral a mandaté le bureau Bass pour réaliser une enquête. Celle-ci révèle la croissance fulgurante de ce secteur en trois ans seulement: en 2022, les entités privées employaient 333 proches. En 2024, ce chiffre atteignait 3023. Cela ne reflète toutefois pas l'ampleur réelle du phénomène, car seule la moitié des organisations ont participé au sondage.

Quoi qu'il en soit, le gouvernement estime sur cette base que le nombre de proches aidants poursuivra sa progression.

Et cela peut coûter cher. Selon l'enquête, les proches aidants ont facturé plus d'un million d'heures de soins en 2024, pour un tarif horaire moyen de 80 francs. Les entreprises, elles, leur ont versé 39 francs, ce qui signifie qu'elles ont facturé en moyenne 41 francs pour la formation et l'administration.

Une pratique indésirable, mais pas combattue

Berne reconnaît certes que les membres d'Aide et soins à domicile Suisse (l'association faîtière nationale des associations cantonales d'aide et de soins à domicile), «peuvent éventuellement engranger des bénéfices élevés» avec ce modèle commercial. Et cette maximisation des profits est «en principe indésirable», commente un nouveau rapport. Car ce sont en effet les assurés et les cantons qui en font les frais.

Malgré tout, le Conseil fédéral a décidé, mercredi, de ne prendre aucune mesure supplémentaire. Il se contente d'émettre des recommandations à l'intention des acteurs concernés: cantons, caisses maladie et organisations de la faîtière.

Car les proches aidants jouent un rôle central dans le système de santé helvétique. Le gouvernement veut ainsi éviter de l'alourdir avec des charges administratives supplémentaires. Il souhaite en revanche en améliorer la qualité par la formation et une meilleure surveillance.

Du point de vue de la Confédération, les cantons sont avant tout responsables de la prévention des abus. Comme ce sont eux qui assurent le paiement des prestations, il leur revient de contrôler la somme allouée par heure de soins. Les cantons d'Argovie, Zurich, Lucerne ou Bâle-Campagne ont ainsi déjà pris des mesures.

Un manque de transparence

Cependant, le problème actuel réside souvent dans le fait que les organisations d'aide et soins à domicile ne précisent pas quelles prestations sont fournies par les proches et quelles autres sont assurées par des professionnels. Pour accroître la transparence, le Conseil fédéral attend des organisations qu'elles indiquent systématiquement sur leurs factures si un proche a fourni un soin.

Le gouvernement est convaincu que ces informations permettront également aux assurances de mieux vérifier l'efficience et l'adéquation des prestations. Pour ce faire, elles sont désormais tenues de contrôler régulièrement leur étendue. Les organisations membres sont en outre tenues de déterminer objectivement les besoins.

On peut toutefois se demander si celles-ci voudront limiter les prestations de soins alors qu'elles en tirent un profit. Il appartient donc principalement aux cantons de lutter contre les abus. En cas de manquement aux règles, l'exécutif recommande par ailleurs des mesures drastiques: les cantons auraient alors à tout moment la possibilité d'infliger des amendes aux organisations fautives, voire de leur retirer leur autorisation.

(Adaptation en français: Valentine Zenker)

Vous avez mérité des photos de lapins fluffy:
1 / 13
Vous avez mérité des photos de lapins fluffy:
source: imgur
partager sur Facebookpartager sur X
Ce sont les gâteaux du moment
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
Avez-vous quelque chose à nous dire ?
Avez-vous une remarque ou avez-vous découvert une erreur ? Vous pouvez nous transmettre votre message via le formulaire.
3 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
3
Les Suisses se barricadent derrière leur passeport
L'âge d'or du droit de vote accordé aux étrangers semble révolu, comme le montre le résultat sans appel dans le canton de Vaud. Les peurs face à l'immigration n'incitent pas les Suisses à partager la table démocratique. Les soupçons de votes communautaristes à Vernier (GE) ajoutent à ce mouvement de repli.
Le rejet est sans appel: 63,61% des Vaudois ont dit «non» à l’initiative soutenue par la gauche qui demandait l’introduction du droit de vote et d’éligibilité des étrangers installés depuis trois ans au moins dans le canton et dix ans en Suisse. La part des votes négatifs dépasse de 10% celle des votes de la droite aux dernières élections cantonales, en 2022. Des voix de gauche se sont donc jointes au front du refus.
L’article