
Image: Keystone/watson
L'enquête à 2 balles
Parce que c'est ce que certains et certaines répètent depuis quelque temps (sans être arrêtés par le gouvernement ensuite). Si l'on veut reformuler la question en moins putaclic: que font nos élus et élues quand ils ou elles sont au parlement?
19.12.2021, 18:1622.12.2021, 18:14
Et pour le savoir, il n'y a pas 36 solutions:
Mardi, 8h20. Mes cernes et moi allons nous installer devant mon ordinateur. Parlament.ch -> Conseil national -> visionner la vidéo -> Ueli Maurer parle du budget 2022 -> soupir.
Le sujet est crucial: même dans un pays neutre, l'argent reste le nerf de la guerre. Ce matin-là, le Conseil national doit voter pour lever les trois dernières divergences budgétaires avec le Conseil des Etats:
- Des coupes dans les dépenses liées au personnel.
Donc supprimer des postes. La gauche est contre (ça mettrait la pression sur les employés), la droite est pour (la thuuune!)
- 57,5 millions de francs pour l'acquisition de médicaments et de prestations vaccinales.
Là, tout le monde est d'accord sur le montant, mais pas sûr s'il doit être considéré comme une dépense ordinaire ou extraordinaire. - 390 000 francs pour la protection du droit des enfants.
J'ai pas compris quel était le problème, mais ça n'avait pas l'air important (le problème, pas le droit des enfants).
Il y a eu un vote. Le Conseil national n'a pas suivi les recommandations des membres de la commission des finances. Enfin, je crois. Parce que juste avant le vote, quelqu'un a dit un truc du genre: «Ceux qui sont pour doivent dire non au non, et ceux qui sont contre doivent dire oui au non».
C'est un peu tôt pour mon cerveau.

Image: Internet
Ensuite, nos élus ont parlé de pas mal de sujets compliqués, mais qui n'avaient pas l'air très importants puisqu'il n'y a pas eu de vote. On avançait bien dans l'ordre du jour: j'avais la mine réjouie de l'élève qui espère que le cours finira plus tôt que prévu.
De leur côté, des parlementaires se barraient pendant les prises de paroles. J'ai eu envie de faire pareil.

Image: Internet
Mais je n'avais encore rien vu. Puisqu'il était l'heure des trois gros débats de la matinée:
- L'encouragement à l’innovation;
- La loi sur les travailleurs détachés;
- L'initiative sur l’élevage intensif.
Et c'est là que j'ai compris un peu mieux le fonctionnement schématique du Conseil national. Pour chaque sujet, des représentants des commissions concernées et des groupes politiques viennent expliquer leur avis et d'autres parlementaires peuvent leur poser des questions. A la fin, on vote.
Deux subtilités:
- Comme on vote toujours oui ou non, il n'y a que deux camps.
Les arguments présentés sont donc rapidement les mêmes. Même si ceux et celles qui prennent la parole répètent souvent qu'ils ou elles ne vont pas répéter ce qui a été dit. Juste avant de répéter ce qui a été dit… - Une question qui suit une intervention en est rarement une.
Parce qu'ils connaissent leurs dossiers, les zozos qui «posent» des questions. On devrait donc plutôt parler de remarque passive-agressive à laquelle on greffe un point d'interrogation et qui commence souvent par «je peine à comprendre que…» ou «comment expliquez-vous que…».
C'est l'ambiance d'une discussion politique tendue à un repas de Noël en famille, mais sans le vin. Ça a donc moins d'intérêt.
Mais ça n'a pas aucun intérêt non plus. Les sujets débattus ce mardi 14 décembre posent des questions de fond:
- Une start-up doit-elle assumer plus de 50% de ses coûts pour être aidée par la Confédération? Non (124 contre 61).
- Est-ce à la Confédération de faire respecter les salaires minimaux cantonaux aux employeurs étrangers qui détachent des salariés? Oui (104 contre 83).
- En matière de bien-être animal, en faire plus que les autres pays, est-ce assez? Oui (voté le lendemain à 111 contre 60).
- Quand est-ce que c'est 13h et que ça se finit? Bientôt.
Juste le temps de conclure:
S'intéresser de trop près à la démocratie suisse peut donner des envies de régime autoritaire.
Mais avant de crier à la dictature (sanitaire, par exemple), allez regarder une session parlementaire. Au mieux, cela vous fera voir notre pays différemment. Au pire, ça vous permettra simplement de savoir qui ne pas réélire.
Le point de vue de Samuel Bendahan
Elu socialiste au Conseil national et présent à la séance en question
«La démocratie est notre plus précieux trésor et il a cette particularité qu’on ne verrait sa vraie valeur que si on le perdait. Oui, c’est vrai, lorsqu’on voit les orateurs s’enchainer sans s’écouter à s’exprimer devant des chaises vides, des votes dont on ne comprend pas toujours la procédure ou le résultat, on se dit que c’est du grand n’importe quoi.
En réalité, chaque fauteuil vide, c’est un parlementaire en train de convaincre, de rédiger, de se réunir, de créer des liens pour tenter de changer quelque chose qui lui semble important. Ce n’est pas le processus parlementaire qui est passionnant, mais le cœur politique qui se cache derrière, résultant des choix de la population lors des élections. Ce qui mérite notre enthousiasme sans toujours l’avoir, c’est que même si on ne comprend pas ce processus, il parvient toujours à aboutir démocratiquement à des règles que nous choisissons toutes et tous ensemble pour vivre ensemble.»
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