«C’est Beyrouth»: cet armurier romand sidéré après un casse express
Frank Radoux est remonté. Tiré du lit par un appel de la police cantonale, il s'est retrouvé à deux heures du matin, dimanche dernier, devant la porte d'entrée, complètement défoncée, de son armurerie.
«La force policière présente sur place était impressionnante», explique à watson le propriétaire de l'Armurerie nouvelle, basée à Renens, qui remercie par ailleurs les forces de l'ordre vaudoises pour leur réactivité.
Le commerce d'armes a été cambriolé vers minuit. Les malfrats ont frappé vite et fort. «Il n'y a plus d'entrée, ni de comptoir. La cloison de l'atelier est éventrée», détaille le gérant.
L'armurier est ému de voir son travail détruit de la sorte, même s'il se dit heureux que personne n'a été blessé. Il a nous a transmis quelques photos des dégâts. «Je suis écœuré. Mais on va reconstruire et reprendre le travail et faire mieux», assure-t-il, combatif.
Après le cambriolage, le commerçant a retiré toutes ses armes de l'armurerie. Elles sont désormais sécurisées «dans un lieu sûr».
«Ce n'était pas des amateurs»
Frank Radoux ne croit pas à des évènements isolés, faisant référence à la récente vague de braquages qui a frappé des armureries suisses cette année.
La méthode: une voiture bélier. Une berline de marque allemande, petite mais puissante. Le propriétaire nous indique que les braqueurs n'ont agi sur place qu'une minute environ et n'ont pu embarquer avec eux qu'une très petite quantité d'armes.
L'arrivée rapide de la police les aura dissuadés de rester trop longtemps. «Ils avaient sûrement des guetteurs dans la rue, qui les ont avertis d’un danger», pense-t-il. Et de dérouler sa logique: «Sinon, pourquoi abandonner en pleine opération?»
«Faudra-t-il s'enterrer comme des lapins?»
Le Vaudois avait pourtant passablement renforcé les systèmes de sécurité des lieux, en réponse à une ordonnance du Département fédérale de justice et police (DFJP) de 2022 qui requiert des mesures accrues dans les armureries d'ici au 1er janvier 2027. Une ordonnance rédigée «sous la pression de Bruxelles», estime l'armurier. Mais cela ne semble pas avoir suffi, malgré d'importantes sommes d'argent engagées.
Il entrevoit même la suite, qui ne le réjouit pas: «Si le cambriolage de nuit devient absolument impossible, je crains que les criminels se tournent ensuite vers la prise d’otage.» Le scénario du pire?
Même mode opératoire
L'armurerie de Frank Radoux n'est pas la seule à avoir été ciblée récemment. Quelques jours plus tôt, un autre braquage a pu être évité de justesse au Mont-sur-Lausanne: une patrouille de police est tombée sur une voiture suspecte à proximité d'une armurerie. A leur approche, les cambrioleurs ont pris la fuite. Neuf ont été attrapés, dont sept sont des «ressortissants étrangers domiciliés en France, âgés entre 19 et 22 ans».
Des voleurs ont aussi frappé à Sion, il y a quelques semaines, ou encore à Evionnaz en juillet. Le mode opératoire est le même: les braqueurs agissent fort et vite, puis partent à toute vitesse en direction de la frontière française, où ils tentent de semer la police.
Fedpol pointe du doigt la criminalité française
«La Suisse est une cible très attractive pour les groupes criminels en raison de sa situation au cœur de l'Europe, de sa petite taille et de son niveau de vie élevé», nous rappelle Fedpol.
Et de préciser: «Les groupes identifiés en Suisse proviennent souvent des quartiers de la région lyonnaise, d'Annemasse, de Grenoble, de Montbéliard ou de Saint-Étienne. Certains groupes seraient également impliqués dans le trafic de stupéfiants.»
Jusqu'à présent, les criminels se sont principalement intéressés aux bijouteries, aux fourgons blindés, aux horlogeries et aux armureries, nous dit-on. L'augmentation des cambriolages de commerces d'armes «s'explique notamment par leur densité, relativement élevée par rapport à la taille du pays».
Dans le passé, des armes volées illégalement en Suisse ont été utilisées tant dans l'est de la France qu'en Suisse pour d'autres activités criminelles telles que des vols à main armée, des vols de véhicules, des trafics de drogue ou des affrontements violents.
