Victoria Rochtchyna a grandi à Zaporijjia dans les années 1990 – elle ne connaissait l'Union soviétique qu'à travers des récits. Elle avait douze ans lorsque la révolution orange a éclaté. La guerre a commencé quand elle avait 18 ans, en 2014. Et en septembre 2024, elle est morte, elle avait 27 ans. La date exacte de son décès est difficile à déterminer avec précision, car elle se trouvait alors en captivité en Russie.
Viktoria Roshchyna n'était pas une soldate. C'était une journaliste primée à plusieurs reprises. La Russie a désormais remis son corps à l'Ukraine. Il lui manque les yeux, une partie du cerveau et le larynx.
En juillet 2023, Rochtchyna a décidé de raconter les conditions de vie sous l'occupation russe. Comme il n'y a pas de possibilité de traverser la ligne de front à l'intérieur de l'Ukraine, elle a voyagé via les pays baltes. Dans son dernier message à sa famille, elle a indiqué avoir passé tous les contrôles russes. C'était le 3 août 2023, après quoi sa trace s'est envolée. Ce n'est qu'en avril 2024 qu'il y a eu une confirmation officielle de son incarcération. Aucune raison n'a été donnée.
Elle connaissait les risques. Elle avait auparavant couvert pour de nombreux médias ukrainiens des zones de conflit, notamment Marioupol, et avait déjà été arrêtée deux fois par les forces russes, avant d’être interrogée. La première fois, elle avait pu s’échapper. La seconde, elle avait été contrainte d’enregistrer une vidéo.
Tout indique que Viktoria Rochchtchyna a été soumise à de lourdes tortures durant sa détention. Les médecins légistes ayant examiné sa dépouille, remise récemment, ont relevé de nombreuses traces de sévices, suggérant l’usage d’électrochocs et de coups. Une de ses côtes était brisée. L’absence de ses yeux, de son larynx, de parties de son cerveau et d’autres organes est également interprétée comme une tentative d’effacer des preuves.
Selon plusieurs sources, Viktoria Rochchtchyna devait être libérée fin 2024 dans le cadre d’un échange de prisonniers. Elle aurait été transportée à Moscou, mais serait morte en route.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci