«Nous défendions nos terres»: quatre Ukrainiens capturés par les forces russes au début de leur invasion ont tenté de soutenir leur pays face à un tribunal en Russie, où toute critique de la guerre déclenchée par Vladimir Poutine est bannie.
Parmi eux, deux ont quitté l'armée ukrainienne plusieurs années avant l'offensive russe et un autre n'a lui tout simplement jamais pris les armes. «Je n'ai jamais servi dans l'armée ukrainienne, j'ai servi dans l'armée soviétique, il y a plus de 30 ans», explique à la cour Oleg Jarkov, qui risque 19 ans et demi de prison. Ces propos ont été rapportés par le média indépendant Mediazona.
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Comme lui, trois autres Ukrainiens se sont exprimés, mercredi, devant un tribunal militaire dans la ville de Rostov-sur-le-Don (sud). La justice russe leur reproche, ainsi qu'à 20 autres personnes, d'avoir fait partie du bataillon Azov, qualifié d'«organisation terroriste» en Russie, et d'avoir tenté de renverser le pouvoir à Moscou. Ils n'habitaient pourtant pas en Russie avant leur arrestation.
Oleksandre Moukhine, qui risque 22 ans de prison, a servi au sein d'Azov entre 2017 et 2018 et se décrit comme un «ancien militaire». Au moment de l'invasion russe en février 2022, il travaillait comme agent de sécurité. Face aux juges, il assure avoir été enlevé à son domicile à Marioupol en mars 2022 lors du siège de l'armée russe, puis «battu»:
Evoquant la «russophobie» dont le Kremlin accuse l'Ukraine, il a affirmé: «Comment puis-je critiquer quelqu'un parce qu'il parle russe alors que je suis moi-même russophone?».
Nikita Tymonine, un soldat ukrainien, dit lui avoir été témoin de tortures en détention. Il dénonce vivement l'invasion russe. «Assis à Rostov, on ne sent pas qu'il y a une guerre entre la Russie et l'Ukraine, et en Ukraine, les gens le ressentent: beaucoup de gens meurent, des enfants. De nombreuses familles sont contraintes de partir à l'étranger», a-t-il dénoncé. «Nous défendions nos terres, nos villes», ajoute-t-il.
Anatoliï Grytsyk, un soldat de l'armée ukrainienne qui dit avoir combattu en Bosnie et au Kosovo notamment, affirme lui que sa femme a été «tuée par balle dans la rue», devant lui. «Je ne peux pas dire aux gens ce que je ressens, ce que j'ai vécu, ce que votre pays a fait au mien», dit-il. «Que Dieu vous préserve de ressentir un jour cela». (jah/afp)