«L'Inde a réussi à contenir la pandémie», a annoncé le ministre de la Santé, Harsh Vardhan, le 2 février dernier. Mais il s'est réjoui trop tôt. Le nombre de cas ne devait baisser que jusqu'au 8 février avant d'exploser. Jeudi, on y comptait le nombre record de 200 000 nouveaux cas en 24 heures.
Comme si cette courbe, qui pourrait difficilement être plus raide, n'était pas assez inquiétante, de nombreux Indiens font la fête comme s'il n'y avait pas de lendemain.
La Kumbh Mela (littéralement «fête de la cruche»), n'est célébrée qu'une fois tous les 12 ans dans la ville de Haridwar, dans le nord de l'Inde. Le moment venu, des millions de personnes – dévots et spectateurs – se rendent en pèlerinage dans le Gange à Haridwar, dans l'État d'Uttarakhand, où ont lieu les ablutions rituelles. Ils sont censés libérer les baigneurs de leurs péchés. Les sadhus se font remarquer: des moines hindous aux robes colorées qui renoncent à la vie mondaine et vivent en ascètes.
Bien sûr, la question qui se pose est de savoir si ce festival n'aurait pas pu être reporté. La réponse est non, car la date des festivités est définie par la configuration spécifique de la lune, du soleil et de Jupiter. Et cette dernière ne se produit que tous les 12 ans.
1000s of people took a dip in river Ganges during Maha Kumbh in Haridwar.
— Md Asif Khan (@imMAK02) April 12, 2021
Where is govt? Media? Police? Hindu Society??
Many Muslims were arrested last year, will police arrest those Hindus who attended Maha Kumbh?
pic.twitter.com/w1xSpfHrLE
Le nouveau ministre en chef de l'Etat d'Uttarakhand, Tirath Singh Rawat, n'a eu d'autre choix que de demander aux pèlerins de porter des masques et de respecter les distances de sécurité. Car, même si la santé des gens est une priorité, les questions de foi ne peuvent pas être simplement ignorées, a-t-il déclaré, selon «indiatoday». Les nombreuses photos qui circulent actuellement sur Twitter montrent que ces appels ont été vains:
The safest place from Corona is this crowd at Haridwar or election rallies in Bengal. Corona bhi confusiya jata hai kis ko infect karun pic.twitter.com/c1ynffcVfG
— Sandeep Mall (@SandeepMall) April 14, 2021
Selon des sources policières, environ trois millions de personnes s'étaient rassemblées pour le festival à Haridwar, lundi dernier. Vérifier les mesures de sécurité était impossible au milieu de cette foule. Bien que le festival ait été raccourci de trois mois et demi à un mois, jusqu'à la fin avril, des milliers de pèlerins devraient se presser dans et autour de l'eau.
Kumbh Mela", or the Pitcher Festival, amidst the spread of the coronavirus disease (COVID-19), in Haridwar, India. #KumbhMela @Reuters pic.twitter.com/hnNF8hOLRV
— Danish Siddiqui (@dansiddiqui) April 12, 2021
Ce rassemblement n'est pas un phénomène isolé et ceux qui veulent clouer au pilori les religieux ne devraient pas être trop pressés, mais jeter un coup d'œil à l'Etat du Bengale, dans l'est de l'Inde. Des élections régionales s'y déroulent, qui attirent également des foules immenses dans les rues:
Undoubtedly the biggest political rally this season. #BengalElection2021 #NarendraModi #COVID19 pic.twitter.com/xkc8zSiEry
— Manaswini (@manswinni) April 7, 2021
Les prochaines semaines montreront comment ces foules affecteront le développement de la situation du Covid dans le pays. Mais un regard sur les chiffres actuels, les photos et vidéos ne présage rien de bon.
#WATCH: Union Home Minister and BJP leader Amit Shah holds a roadshow in Siliguri, ahead of the fifth phase of #WestBengalElections2021 pic.twitter.com/JBrl5R1MUU
— ANI (@ANI) April 12, 2021
Cet article a été adapté de l'allemand par Jason Huther