Où se trouvent les réfugiés afghans qui ont déjà fui le pays?

Où se trouvent les réfugiés afghans qui ont déjà fui le pays?

Image: EPA

Une nouvelle vague de migrants fuyant les talibans va-t-elle bientôt déferler sur l'Europe? Pas si sûr, au moins à en juger les chiffres des Nations unies sur la répartition des réfugiés afghans en 2020.

Alberto Silini

Les scènes de chaos à l'aéroport de Kaboul n'ont pas seulement fait le tour du monde. Ces images suggèrent surtout qu'une partie de la population afghane veut quitter le pays après la prise de pouvoir des talibans.

Plusieurs dirigeants politiques n'ont d'ailleurs pas attendu beaucoup de temps avant d'exprimer leurs craintes au sujet d'une nouvelle vague migratoire.

• Le président turc Recep Tayyip Erdogan a par exemple déclaré que son pays ne peut pas supporter «un fardeau migratoire supplémentaire».
• En Allemagne, plusieurs politiciens, dont la chancelière Angela Merkel et son potentiel successeur Armin Laschet, ont affirmé que le pays ne doit plus «refaire les mêmes erreurs qu’en 2015».
• Vladimir Poutine a déclaré de son côté que qu'il faut empêcher un afflux de réfugiés. Parmi eux pourraient se cacher des «combattants déguisés», estime le président russe.
• En France, Emmanuel Macron a suscité un tollé en disant que la France devait «se protéger contre des flux migratoires irréguliers importants qui mettraient en danger ceux qui les empruntent».

2,6 millions de réfugiés

Face à ces déclarations, il est interessant de regarder où se trouvent les Afghans qui ont fui le pays ces dernières années. Ce qui donne une sorte d'aperçu des endroits où les nouveaux réfugiés pourraient chercher refuge.

Beaucoup d'Afghans n'ont en effet pas attendu le retour des talibans pour partir: En 2019 et 2020, ils constituaient la troisième plus grande population déplacée au monde, selon les données du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). L'année passée, leur nombre était estimé à 2,6 millions d'individus.

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Comment sont-ils distribués? La réponse est logique, bien qu'un peu étonnante, comme le montre le graphique ci-dessous:

En 2020, 85% des réfugiés Afghans se trouvaient dans les pays voisins, à savoir le Pakistan (qui accueillait 1 438 000 migrants) et l'Iran (qui en abritait 780 000).

Les pays occidentaux arrivent loin derrière: 148 000 réfugiés se trouvaient en Allemagne, 40 000 en Autriche et 32 000 en France.

Et en Suisse?

Le monde politique helvétique n'a pas tardé à s'exprimer sur la question. Alors que le PS et les Verts ont lancé un appel à l’accueil de 10 000 «personnes vulnérables», l'UDC demande d’éviter à tout prix «des flux d’asile incontrôlés» qui «inciteront également des islamistes, des auteurs de violences et de non-intégrables d’entrer en Suisse».

De son côté, le Conseil fédéral a annoncé que la Suisse ouvrira ses frontières seulement aux Afghans employés par Berne ainsi que leurs familles, soit environ 230 personnes. Un avion affrété par la Confédération a atterri mardi matin avec, à son bord, 219 personnes.

Avion posé en Suisse sans accrocs. Mission accomplie pour @fedpolCH. Fiers d’avoir contribué au rapatriement en Suisse. #Kabul #Afghanistan @eda_dfae https://t.co/RjZUlAG8rG

— fedpol (@fedpolCH) August 24, 2021

L’Afghanistan est le deuxième pays de provenance des requérants d’asile en 2020, indique le Secrétariat d’État aux migrations (SEM). L'année passée, 1397 demandes d'asile de la part de ressortissants afghans ont été déposées en Suisse, contre 1681 l'année d'avant.