Un bourdonnement nocturne dans le ciel au-dessus d’un champ de tir de Suisse alémanique a alerté des soldats en cours de répétition: «Plusieurs drones ont volé au-dessus de notre installation après la tombée de la nuit et ont tourné autour de nous», raconte un sergent-chef.
Cet incident, survenu il y a quelques jours, n'est pas un cas isolé. En décembre et janvier, des drones ont été aperçus dans le ciel au-dessus de divers sites militaires. Au moins trois drones ont survolé la zone de Bronschhofen (SG), par exemple, où une batterie d'artillerie procédait à un contrôle de matériel. Un soldat nous a confié:
Des faits similaires se sont produits en Allemagne vers des zones militaires et sites stratégiques. Les drones ont survolé des bases de l’armée de l’air et de la marine avant de disparaître aussi soudainement qu'ils étaient apparus.
A Bronschhofen, les soldats ont d’abord pensé qu’il s’agissait d’une manœuvre et ont tenté de suivre les drones, en vain. Selon 20 Minutes, les responsables ont ensuite informé les militaires que les drones n’appartenaient pas à l’armée.
Que font ces drones au-dessus des installations militaires? La porte-parole de l’armée, Delphine Schwab-Allemand, n'a pas la réponse à cette question:
Elle précise que la Suisse, avec son territoire densément urbanisé et ses zones touristiques très fréquentées, est particulièrement sujette aux apparitions de drones. Selon l’armée, cela pourrait être dû à la prolifération des drones privés et de touristes voulant immortaliser leur séjour.
Les soldats de l'artillerie jugent cette hypothèse peu probable:
L'armée ne communique pour l'instant aucun chiffre sur la fréquence et les emplacements des observations de drones.
Le dernier règlement du service de garde de l’armée suisse (WAT) ne mentionne pas spécifiquement l’utilisation des drones pour des missions de reconnaissance. L’armée n'a-t-elle pas pris la mesure du danger que représentent les drones espions? Celle-ci renvoie aux zones d’interdiction de survol définies par l’Office fédéral de l’aviation civile (Ofac), qui rendent le survol des installations militaires par des drones civils impossible.
Cependant, un coup d'oeil aux cartes de l’OFAC montre que toutes les bases militaires ne sont pas couvertes par une interdiction de survol pour les drones. L’armée confirme:
L’armée n'exclut toutefois pas la possibilité d'étendre ces interdictions.
L’armée précise que l’utilisation des armes pour abattre des drones n’est, de manière générale, pas justifiable. L'abattage n'est toutefois pas exclu. En situation de crise ou de légitime défense, un tir est autorisé – pour autant que le principe de proportionnalité soit respecté.
L’abattage d’un drone pourrait donc être autorisé en cas de menace immédiate. La porte-parole de l’armée souligne toutefois que ce genre de situation reste rare: «Il est peu probable qu'on doive en arriver là, sauf si des vies humaines sont directement en danger. Par ailleurs, l’abattage d’un drone pourrait lui-même entraîner des risques pour des vies humaines».
L’armée suit de près la question des drones et déclare: «Nous évaluons en continu la pertinence des drones pour la sécurité nationale et ajustons les mesures de protection si nécessaire». Elle demande également la coopération de la population:
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder