C'est vrai qu'il avait un peu de quoi choquer, The Apprentice, avec sa multitude de scènes peu flatteuses à l'égard de Donald Trump, incarné par Sebastian Stan. Pilules d'amphétamine, liposuccion, intervention chirurgicale contre la calvitie ou, plus grave, scène de violences conjugales dans laquelle l'ancien président jette violemment à terre sa première épouse, Ivana, avant de la contraindre à des rapports sexuels non-consentis.
Que les spectateurs aient été choqués ou emballés par le film du réalisateur Ali Abbasi, qui relate les débuts du milliardaire en tant que promoteur immobilier new-yorkais dans les années 70 et 80, il a été accueilli par une longue standing ovation de huit minutes, au terme de sa première diffusion au Festival de Cannes, lundi.
Ce n'était pourtant pas tout à fait le résultat auquel s'attendait Dan Snyder, milliardaire américain et fervent soutien de Trump, lorsqu'il a investi dans le film. L'homme d'affaires, qui a fait don de plusieurs centaines de milliers de dollars aux campagnes présidentielles de 2016 et 2020, avait le sentiment qu'il s'agirait d'un portrait «flatteur» du 45e président. Autant dire qu'il était plus tôt déçu.
Après avoir eu accès à un premier montage de The Apprentice en février, Dan Snyder aurait tenté - sans succès - de s'opposer à la sortie du film, qui comprendrait une scène «violente» et «inconfortable» entre Donald Trump et sa femme Ivana, selon les termes d'un initié au média Variety.
Pour rappel, lors d'une déposition de divorce en 1989, la vraie Ivana Trump avait bel et bien accusé son futur ex-mari de l'avoir violée. Une accusation sur laquelle elle est revenue par la suite, en 1993 puis 2015, en affirmant que: «L'histoire est totalement sans fondement. Donald et moi sommes les meilleurs amis du monde et ensemble nous avons avons élevé trois enfants que nous aimons et dont nous sommes très fiers.»
Quoi qu'il en soit, pour assurer ses arrières, The Apprentice inclut effectivement un avertissement selon lequel certains événements décrits sont fictifs.
Du côté du camp Trump, la réaction à la sortie du film s'avère tout aussi courroucée. Dans un communiqué incendiaire à Variety, Steven Cheung, directeur des communications de la campagne présidentielle de 2024, dénonce un «ramassis d'ordures, de la pure fiction qui sensationnalise des mensonges, depuis longtemps démystifiés.»
«Ce film est une pure diffamation malveillante, ne devrait pas voir le jour et ne mérite même pas une place dans la section des DVD d'un magasin de films à prix réduits qui fermera bientôt ses portes. Il a sa place dans une benne à ordures.» Voilà qui est dit.
En attendant une ébauche de bande-annonce à nous mettre sous la dent, selon The Hollywood Reporter, le film devrait être projeté plus tard cette année. Pour ce qui est des Etats-Unis, il n'existe actuellement aucun distributeur pour une sortie en salles mais, à en croire Variety, volonté est de le diffuser avant les élections de novembre. Quant à la Suisse, nous n'avons pas plus d'informations. Mais nous trépignons d'avance. (mbr)