Alors que la quasi-totalité de son administration est plongée dans l'embarras, après un article mortifiant publié ce lundi dans le magazine The Atlantic (un «pépin sans gravité», selon Trump), le chef de l'Etat a des préoccupations bien plus graves en tête: un portrait de lui-même exposé dans le Capitole de Denver, dans l'Etat du Colorado.
On ignore comment cette œuvre d'art s'est retrouvée d'un coup porté à la connaissance de Donald Trump, puisqu'elle est exposée au Capitole depuis déjà quelques années déjà. Reste que, dimanche soir, l'intéressé s'est fendu d'une longue tirade aussi blessée qu'assassine sur son réseau Truth Social.
«Personne n'apprécie une mauvaise photo ou un mauvais tableau de soi-même, mais celui du Colorado (...) a été délibérément déformé à un niveau que même moi, peut-être, je n’ai jamais vu auparavant», s'est insurgé le président.
A l'origine de cette croûte, selon lui, le gouverneur démocrate de l'Etat, Jared Polis. Un homme que Donald Trump a naturellement insulté comme un «radical de gauche», «extrêmement faible en matière de criminalité», et qui «devrait avoir honte de lui-même».
Et pourtant! C'est bel et bien à un républicain et un partisan que Trump doit cette peinture à l'huile. Alors qu'il est sur le point d'achever son premier mandat présidentiel, en 2019, le milliardaire n'a pas encore droit à son portrait dans le vénérable bâtiment de Denver. Admirateur de Trump et ancien sénateur du Colorado, Kevin Grantham décide donc de remédier au vide en collectant des fonds via une campagne GoFundMe.
Après avoir amassé près de 10 000 dollars, il glisse le mandat entre les mains de l'artiste-peintre Sarah Boardman, une sexagénaire déjà auteure de plusieurs portraits de personnalités politiques, dont les anciens présidents Barack Obama et George W. Bush. Un «honneur», avait-elle déclaré elle-même sur son site internet. Il n'en fallait pas plus, hélas, pour enfoncer le clou dans l'ego de Donald Trump, qui a déploré sur Truth Social:
«Quoi qu'il en soit, je préférerais de loin ne pas avoir de portrait plutôt que celui-ci», se lamente-t-il encore.
Evidemment, cette réaction ulcérée n'a manqué de ravir les anti-Trump sur les réseaux sociaux. L'ancien avocat républicain Ron Filipkowski, rédacteur en chef du site d'information MeidasTouch Network, s'est par exemple fendu d'une image poétique sur X:
The most fragile, sensitive snowflake in history. pic.twitter.com/SA82zNIAzm
— Ron Filipkowski (@RonFilipkowski) March 24, 2025
Un autre compte, Republicans Against Trump, a également repartagé la publication du président tout en le qualifiant de «bébé mesquin et peu sûr de lui». Et bim.
Mais la réaction la plus drôle restera sans doute celle de la porte-parole du gouverneur Jared Polis, qui a déclaré à la chaîne locale KUSA que le gouverneur était «surpris d'apprendre que le président des Etats-Unis est un passionné de notre capitale de l'Etat du Colorado et de ses œuvres d'art».
Ironie, quand tu nous tiens.
En attendant, Donald Trump peut se consoler. Lundi, le souhait du président a été exaucé et une directive a été émise pour ordonner le retrait «immédiat» du portrait. Lequel sera désormais «conservé dans un endroit sûr et approprié (...) jusqu'à nouvel ordre».