Comment sortir de ce guêpier, de ces multiples articles sur la superstar américaine à la tournée qui fait cracher les billets verts - une course aux concerts et aux 2 milliards de revenus?
Tout est bon pour parler de Taylor Swift. Pour preuve, elle s'est rendue au bras de son Travis Kelce dans l'enceinte de l'US Open. Une information de premier ordre qui participe à la fascinante odyssée dorée de la star américaine et de son tendre compagnon footballeur. Un bonheur absolu qui n'a pas encore trouvé son chapitre final - même si un contrat annonce la rupture entre les deux tourtereaux.
Mais la question se pose: Travis Kelce est-il le bon choix, le bon parti, chers lecteurs, chères lectrices? Le monde retient son souffle, car «But Daddy I love him», pour faire référence au dernier album de Swift.
Cette fois-ci, aux confins de la pensée artistique, le monde, ou pas, va découvrir une nouvelle facette de la vie enchantée de Taylor Swift grâce à un téléfilm inspiré de sa romance, annonce People Magazine. Pire, il s'agira d'un téléfilm de Noël, relaie à son tour Lifetime, la chaîne derrière cette délicieuse idée digne d'une petite blague de votre nièce de 11 ans sous le charme de la chanteuse américaine.
C'est cadeau. Baptisé Christmas in the Spotlight, cette évasion amoureuse est doublée d'un synopsis d'une splendide profondeur, qui révèle un texte si inepte que les génies du cinéma auront leur cerveau cramé à la première lecture.
Que voici:
Une mélasse digne de deux adolescents qui s'échangent un sourire, qui rient béatement avant de se faire un bisou entre deux casiers. C'est encore mieux quand le quarterback emballe la star du lycée. Le tout affligé de comédiens insipides et de dialogues rose bonbon pour capter cette audience TikTok qui raffole de contes de fées et d'amours déchus.
Quoi de mieux qu'une romance sous les objectifs, tartinée du liniment d'un amour superficiel dégoulinant de guimauve. Un parfait condensé pour faire éructer une horde de fans plus ou moins jeunes souffrant d'un mal récurrent: la swiftiesmania.
Mais le problème n'est pas les fidèles - comme le veut l'adage: à chacun ses goûts, si vous ne souhaitez pas froisser votre copain ou copine d'à-côté. Non, il est plus triste de constater le désir maladif de s'en mettre plein les fouilles en usant de la platitude de la superstar (et de l'algorithme) de la pop mondiale. Quitte à réaliser une croûte télévisuelle pour asseoir des swifties devant leur petit écran? Oui.
Pourquoi s'en priver lorsque la machine à cash tourne à plein régime. Or, cette tendance, personnellement, me fait déverser mon fiel, comme les chansons de Swift qui ne font que scalper ses peines de coeur depuis près de vingt ans. Mêmes refrains, mêmes métaphores; on attend plus que la Swift du film (ce sera l'actrice Jessica Lord) nous chantonne une complainte amoureuse au piano.
Pour la mégastar américaine, sa vie est une suite de saynettes pas toujours gentilles (méchant Jake Gyllenhaal), qui lui demande de revoir ses plaies, de les autoanalyser pour comprendre. (Oui, on a écouté l'album pour la peine.)
Sans céder à la critique du talent musical de la jeune femme, ce téléfilm est simplement l'événement de trop: l'amourette des nazes qui ravit les ados, conjuguée aux amours futiles du lycée. Une idée qui nous oblige à intégrer le «Tortured Hater Department» pour de bon.
Et même si la chanteuse pop n'est pas à l'origine de cette idée brillantissime, même si elle ne fait que chanter sa fragilité affichée sur les plus grandes scènes du monde, son nom est désormais synonyme d'acné instantané, d'indigestion tenace.
Christmas in the Spotlight me procure l'un des plus gros ras-le-bol artistique et personnel. Je vomis. C'est une forme de cadavérisation de la création et de la peopolisation. Et même si les téléfilms de Noël n'ont jamais accouché d'une oeuvre concluante, les sentiments de Swift le seront encore moins.
Je ne te blâme pas Taylor (enfin, un peu), je blâme ces maudits producteurs derrière ce projet qui pue le soufre.