Le talent de Taylor Swift n'est plus à prouver. Que ce soit dans l'écriture ou la production des albums, la chanteuse surpasse et écrase ses concurrents. Et son nouvel opus est à l'image de son génie. Avec son double album, The Tortured Poets Department, Taylor Swift met à l'honneur la poésie et l'art de raconter des histoires.
Dans cette nouvelle Era, la chanteuse explore un nouveau chemin et grandit, vieillit, mûrit. Et l'accepte. Si elle nous a toujours habitués à des morceaux racontant ses ruptures amoureuses, avec The Tortured Poets Department, c'est un réel chagrin d'amour, «une histoire triste», qu'elle partage. C'est la petite fille qui croyait au prince charmant qui a finalement compris qu'il n'existait pas, la confession d'une femme qui pensait avoir tout compris de la vie d'adulte qui se retrouve contrainte d'agir «comme une dure à cuir» pour «gérer ses merdes». Un album explicite, plus mature et torturé à la fois, dans lequel elle lâche complètement prise.
Avec The Tortured Poets Department, Taylor nous ouvre les portes de son esprit, mais surtout de son cœur, sans retenue, et ça lui réussit. Vulnérable, amère, en colère, transparente, c'est une artiste sans filtre que l'on découvre. C'est la Taylor Swift que ceux qui n'aimaient pas encore vont adorer. C'est l'adulte qui répond à l'ado: But Daddy I Love Him est une suite logique à Love Story (Fearless), dont les références à Roméo et Juliette viennent cette fois d'Hamlet, comme le souligne très justement le magazine Rolling Stone. The Smallest Man Who Ever Lived est probablement l'un des morceaux les plus violents jamais écrits par la chanteuse. Le titre en dit d'ailleurs déjà beaucoup.
Oubliez le superficiel, découvrez l'authentique derrière l'artiste. On y retrouve des codes similaires aux albums Evermore et Folklore, sortis pendant la pandémie de Covid-19. Une Taylor Swift très simplement coiffée, habillée et maquillée. Des visuels au contraste fort, mais élémentaire, où on ne voit qu'elle, sans artifice.
Outre Evermore et Folkore, difficile de ne pas remarquer l'influence de son dixième opus Midnights, lauréat de l'album de l'année aux Grammy Awards, et co-produit avec Jack Antonoff. C'est d'ailleurs lui qui a assuré le rythme aux sonorités synthé-pop de I Can Do It With A Broken Heart ou encore Fortnight dans lequel Post Malone surprend tant il sonne bien.
Aaron Dessner est resté fidèle à lui même dans la co-production de la tristement célèbre piste 5 de l'album, So Long, London, entre autres. Une balade mélancolique et éthérée façon Lana Del Rey, mais version Taylor Swift. Un morceau très vulnérable, personnel, honnête et émotionnel comme tous les numéros 5 de chaque album de la chanteuse depuis le début de sa carrière.
Une référence directe à son ex, Joe Alwyn, si l'on en croit ses fans. Mais si le monde pensait découvrir un album à la charge du Britannique, que nenni. Tromperie, bébé, fantasmes, les pseudos-révélations (qui restent encore à prouver) à propos d'un autre, Matty Healy, font perdre la tête aux Swifties.
Mais si The Tortured Poets Department marque la fin d'une histoire d'amour, il raconte également le début d'une autre: son idylle avec l'athlète Travis Kelce. Dans The Alchemy, Taylor Swift chante son amour pour Travis en dissimulant ici et là des mots relevant du champ lexical du football américain comme touch down, trophy ou team. Mais ce n'est pas tout puisque Travis Kelce aurait droit à un second titre dans l'album: High School. Une ode à l'amour comme on en a connu plus jeune.
Le titre Clara Bow est une pépite. Un hommage à l'actrice du même nom, dont l'histoire résonne étrangement avec celle de Taylor. Clara Bow était une actrice américaine qui a connu une relation compliquée avec Hollywood.
Clara Bow mettrait ainsi en lumière des parallèles entre la carrière de l'actrice et celle de Taylor Swift, comme cela a été le cas avec son tube The Last Great American Dynasty de l'album Folklore, produit là encore avec Aaron Dessner. Dans cette chanson, elle raconte l'histoire de la mondaine américaine Rebekah Harkness qui a vécu dans le manoir de Rhode Island, que possède aujourd'hui Taylor Swift.
Florida!!! en featuring avec Florence + The Machine est l'un de mes préférés. Premièrement parce que, Florence Welch, évidemment. Et deuxièmement parce que je me vois déjà hurler ce refrain au volant d'une impala décapotable noire cheveux au vent, alors que je n'ai même pas le permis de conduire.
Sur Threads, la chanteuse a écrit que The Tortured Poets Department est un album «qui reflète les événements, les opinions et les sentiments d'un moment fugace et fataliste dans le temps».
The Tortured Poets Department sonne comme un album qui pourrait être son dernier. La boucle est désormais bouclée.