En 2017, l’industrie du jeu vidéo a été secouée par un petit studio australien encore inconnu, Team Cherry. Composée de seulement trois personnes, l’équipe lançait Hollow Knight, un jeu 2D financé sur Kickstarter. Ce simple jeu de plateforme, entièrement dessiné à la main, plongeait les joueurs dans un monde miniature et mignon dont se dégage pourtant une ambiance mélancolique.
Dans Hollow Knight, tout s’anime au cœur d’un monde singulier: Hallownest, un ancien royaume d’insectes aujourd’hui réduit à la ruine, noyé dans le silence et l’oubli. Rien n’y paraît vivant, et pourtant chaque lieu murmure son histoire et chaque environnement possède une âme propre, entre beauté fragile et atmosphère suffocante. Visuellement, le jeu surprend par un contraste fort: les protagonistes, aux traits dépouillés et presque enfantins, évoluent dans des paysages sombres et gothiques aux traits sublimes, donnant l'impression parfois d'être devant un jeu à la frontière du dessin animé.
Très vite, les joueurs du monde entier ont découvert une œuvre au contenu gargantuesque, exigeant et immersif qui est devenu l’un des plus grands succès du jeu indépendant. Considéré comme un chef-d’œuvre, Hollow Knight s'est vendu à 15 millions d’exemplaires, le tout se voulant le plus accessible possible, vendu au prix modique de seulement 15 francs.
Cette suite, initialement pensée comme une simple extension autour d’un personnage secondaire, est devenue un projet très ambitieux. Soutenu par une communauté de plusieurs millions de fans, le petit studio Team Cherry a pris le temps de peaufiner son jeu : il aura fallu huit ans, avec des informations distillées au compte-gouttes, pour que la suite voie enfin le jour. Une attente devenue, pour les fans, une véritable obsession et un phénomène vidéoludique au fil des ans, au point de faire de Silksong une arlésienne dont l’aura n’a jamais faibli.
Présenté pour la première fois au printemps 2025 lors de l'annonce de la Nintendo Switch 2, l'engouement pour la suite est devenu tel que lors de la Gamescom, le salon européen du jeu vidéo qui a lieu fin août, tous les journalistes et influenceurs présents ne parlaient que de la démo de Silksong, jouable sur place, au détriment des tenors présents au salon. Ce 4 septembre, l’attente touche enfin à sa fin et cette suite tant espérée arrive sur la plupart des plateformes. Le jeu, lancé ce jeudi à 16h (heure suisse) a fait un tel carton que la plateforme Steam, mais aussi l'eShop de Nintendo, ont subit des pannes à cause de la trop forte demande.
Fort de ce succès, Team Cherry aurait pu voir encore plus grand, décupler ses effectifs et se concentrer sur des bénéfices assurés. Pourtant, à une époque où les plus gros studios emploient des centaines de personnes et vendent leurs jeux jusqu’à 80 francs, Hollow Knight: Silksong reste fidèle à sa volonté d’être accessible à toutes les bourses, avec un prix de seulement 19 francs.
L’entreprise derrière le jeu semble refuser le modèle capitaliste basé sur la croissance et le profit. À l’image d’artisans passionnés, ses créateurs privilégient la liberté et l’amour du jeu vidéo, plaçant la créativité au cœur de leur philosophie. Les développeurs ont même expliqué à Bloomberg avoir souvent repoussé la sortie du jeu, simplement parce qu'ils avaient beaucoup trop de plaisir à le créer. Le studio australien compte toujours trois membres, quatre si l’on inclut Christopher Larkin, le compositeur derrière la magnifique bande originale du jeu.
Hollow Knight: Silksong se présente donc comme un véritable manifeste dans une industrie en tension, où les licenciements se comptent par milliers malgré des bénéfices colossaux générés chaque année. La philosophie du studio Team Cherry est unique: un développement sans pression, respect total de sa communauté et amour sincère du jeu vidéo. Un amour que les joueurs leur rendent bien, puisque l’on peut déjà prédire que Silksong se vendra par palettes et pourrait légitimement prétendre au titre de jeu de l’année.
«Hollow Knight: Silksong» est disponible sur toutes les plateformes depuis le 4 septembre.