Avez-vous déjà repéré une nuée de jeunes - et moins jeunes -qui se filment dans le métro, leurs écouteurs calés dans les oreilles, et qui entament une chorégraphie endiablée - mais silencieuse, bluetooth oblige - tout en agitant leurs cheveux comme s'il n'y avait pas de lendemain? Fuyez vite! Vous êtes tombé nez à nez avec de nouvelles victimes de l'effet «Tube Girl», du nom de la tiktokeuse qui a lancé cette charmante et (presque) nouvelle tendance.
Si vous êtes de la team «voyager en paix dans les transports en commun», et que lire ces lignes vous énerve déjà, sachez que le trend est loin de s'étioler - surtout depuis que «Tube Girl» - Sabrina Bahsoon de son vrai nom - est devenue un véritable phénomène sur les réseaux. Pour partager ses petites chorégraphies sur l'application de danse, l'étudiante de 22 ans a opté pour une toile de fond bien particulière: les métros de Londres, ville dans laquelle cette Malaisienne d'origine a choisi d'étudier le droit.
Son mantra? «Dansez comme si personne ne vous regarde.» Même si Surtout si la rame de métro est pleine à craquer.
Le petit truc qui l'a rendue virale? Se placer auprès d'une fenêtre ouverte du métro, laisser les cheveux gondoler dans l'air dense et pollué des tunnels (so sexy!) et capturer THE MOMENT grâce à la caméra grand-angle du smartphone, en mode 0,5. Puis s'embarquer dans un «lip sync» soigné, en enchaînant des moues diverses, si possible calées sur la chanson Greedy, de Tate McRae. La gestu? Elle se doit d'être saccadée. La légende du (très) court-métrage? Une bonne punchline pétrie d'assurance. Rien de spécial, me direz-vous peut-être, mais sachez qu'il n'en faut pas plus pour que la Toile ait l'impression d'avoir inventé le fil à couper le beurre.
Inconnue au début de l'été, la Londonienne d'adoption compte désormais plus de 400 000 abonnés sur l'application appartenant à ByteDance. Certaines de ses capsules vidéos atteignent plus de 7 millions de vues. Et selon le magazine Mashable, le hashtag #tubegirl comptabilise à ce jour 281 millions de vues, tandis que #tubegirleffect en compte plus de 70 millions. Un joli palmarès, pour celle qui se décrit comme «le contraire d'une fille taillée pour le monde de l'entreprise» auprès du Washington Post.
Aux quatre coins de la planète - et même dans les pays dans lesquels les métros ne courent pas les rues comme en Suisse - les «Tube Girl wannabies» se lancent sur les pas de leur grande soeur digitale, en interprétant le trend dans leur propre moyen de transport (on n'a pas encore vu ça à la CGN, mais ça va arriver). D'autres sont largués, car oui, il faut le «cheatcode»:
La BBC et divers médias anglophones se sont déjà précipités au chevet de la nouvelle recrue de la web-célébrité, pour lui arracher quelques confessions. Au menu des réponses, affirmation de soi, confiance en soi....et tout un tas de mots-clés à la sauce «self-empowerment». Car oui, dans les longs trajets sous terre, on s'ennuie sec, semblerait-il, et on ne peut pas bien réviser. Alors, autant danser pour se défouler, et tuer le temps en faisant des vues:
De toute évidence, dans une ère où la confiance en soi s'achète par package dans des thérapies digitales pour le bien-être mental, les mots simples de la jeune étudiante ont su faire mouche auprès de son public: «J'adore le fait que tu encourages d'autres filles à avoir confiance en elles, indépendamment de ce que les autres pensent ou de ce qu'ils regardent», opine une internaute. Elles sont nombreuses à renchérir:
In my tube girl era💗 pic.twitter.com/3Nc50zzcxS
— Bella Poarch (@bellapoarch) September 19, 2023
Tomorrow I embark on a journey to regain my confidence, using the power of tube girl. pic.twitter.com/YiJXCMFvob
— miles bonsignore (@milesbon) September 20, 2023
Si vous comptiez faire pareille dans la liaison Nyon-Genève, nous vous conseillons tout de même une bonne dose d'autodérision. En effet, certains internautes n'ont pas hésité à qualifier le trend de «gênant» du point de vue des spectateurs:
Comme tout ce qui vit et meurt dans la sphère digitale se meut à la vitesse d'un flash, la Malaisienne a déjà été démarchée par la marque de produits de beauté ultra-populaire MAC Cosmetics. La semaine passée, la Tiktokeuse a ainsi fait ses grands débuts en tant que mannequin runway:
Enfin, sur prière de ses fidèles followers, la jeune femme a proposé sa propre playlist pour un «voyage en métro» parfait sur Spotify. Laquelle commence par l'hymne de Timbaland, The way I are. On ne s'y attendait pas.