Des gens blindés qui étalent leur fortune comme du caviar sur un blini, c'est l'un des créneaux de Netflix depuis plusieurs années. Il y a eu Bling Empire à Los Angeles, Dubai Bling à Dubaï et désormais, il y a Super Rich in Korea (Super Riches en Corée), basé principalement à Séoul. On suit la vie d'un groupe de personnes pour qui le dicton «Pour vivre heureux, vivons cachés» n'existe pas. Au contraire, certains d'entre eux vont jusqu'à donner le prix de chaque objet qu'ils possèdent.
C'est le cas de David Yong, un Singapourien qui voyage uniquement en jet «pour gagner du temps», qui roule en Rolls-Royce avec chauffeur et achète des appartements à plusieurs millions, juste en sortant sa carte de crédit, une American Express noire qui n'a aucun plafond. David le dit lui-même: il est beau, il est cool et il est fier de faire partie des 1% les plus riches de Singapour.
Pour quelqu'un qui a de l'argent à ne plus savoir quoi en faire, cet homme d'affaires connait le prix de tout ce qu'il possède et il le dit haut et fort: son appartement à Séoul lui coûte 14 000 francs par mois, «pas grand-chose», il possède une enceinte à 53 000 francs et quand il a faim, il passe un coup de fil au room service de son building où il peut par exemple commander un œuf au plat à 12 francs ou un porridge à 40 francs.
Attention, il y a pire. Une certaine Yoo Hee-Ra va vous donner des sueurs froides. Cette influenceuse, la seule Sud-Coréenne de l'émission, vit chez ses parents à 25 ans mais comme elle le précise, «le rez-de-chaussée m'appartient» et «mon dressing est plus grand que ma chambre».
Vous l'aurez deviné, sa passion, c'est la mode. Avec ses serre-têtes et ses looks de petite fille, on dirait un mix entre Blair Waldorf dans Gossip Girl et Barbie. Elle a des sorties hallucinantes du genre:
Elle joue la chipie arrogante qui se cache derrière un sourire et une voix innocente et c'est un peu effrayant.
Contrairement aux autres télé-réalités de ce genre, dans Super Rich in Korea, on se fait surprendre dès les premières secondes du premier épisode par trois animateurs assis sur des trônes dorés dans un palais beaucoup trop éclairé. Ils regardent les mêmes images que nous et les commentent. C'est un peu déconcertant, surtout qu'ils n'apportent pas grand-chose à l'émission si ce n'est jouer la surprise à chaque fois que l'une des personnalités dit une stupidité du genre: «Je ne mets rien dans mon sac à main ou peut-être juste un gloss.»
Ils applaudissent également quand une certaine Kim Anna, une Pakistanaise qui vit depuis une vingtaine d'années en Corée du Sud, énumère le nombre de maisons qu'elle possède au Pakistan. Kim Anna est l'autre extra-terrestre de l'émission. Elle vit littéralement sur une planète où ses animaux de compagnie sont des lionceaux et où ses propriétés sont encerclées par des gardes armés jusqu'aux dents. En voyant les images des bébés lions, les animateurs ne peuvent s'empêcher de lâcher un «Aaaawwww!» en cœur sans que l'un d'eux ne se demande ce que ces mignonnes boules de poil deviendront quand ils seront en âge d'arracher une jambe.
Dans cette première saison de six épisodes, il n'y a pas de scénario, pas d'embrouilles, pas de drama. Les personnalités choisies par Netflix ne se connaissent pas et passent bien trop de temps à nous faire visiter leur dressing et leur garage. Et si le but est de vendre la Corée du Sud et faire rêver, c'est raté. On nous montre très peu du pays et c'est bien dommage. On regarde Super Rich in Korea comme on regarde un accident de voitures sur l'autoroute, une curiosité malsaine qui fait l'effet d'un rail de coke: à la fin de chaque épisode, on s'en veut et on se dit qu'on n'aurait pas dû, mais on recommence.
Super Rich in Korea est disponible depuis le 7 mai sur Netflix.